Une vingtaine de femmes se sont rassemblées, samedi 18 janvier, à la place Badjanani, située au cœur de la médina, en plein centre de la capitale pour faire part de leur exaspération face à la grave pénurie d’eau et aux coupures d’électricité incessantes qui frappent le pays. Jeunes, adultes et personnes âgées se sont mobilisées pour une cause commune : interpeller l’État sur l’urgence de rétablir un fonctionnement normal des services essentiels. Amina Abbas Djoussouf, l’initiatrice de cette mobilisation, s’interroge.
Une situation critique et des voix graves
«Nous avons fait preuve de patience pendant des années. Pourtant, des fonds ont été débloqués pour améliorer nos conditions. Notre question est simple, pourquoi les personnes chargées d’acheter les moteurs ne sont-elles pas contrôlées à leur retour ? Parce qu’on se renseigne, ce ne sont pas de groupes neufs comme ils le prétendent. Plus de 17 milliards de nos francs ont été dépensés pour des moteurs, mais aucun résultat n’est visible», déplore-t-elle. Dans un autre coin de la médina, un vendeur ambulant d’eau, qui a souhaité rester anonyme, partage son désarroi. «Les coupures nous affectent directement. Nous avons du mal à satisfaire nos clients, même si nous vendons le bidon de 20 litres à 250 francs».
Les entreprises aussi en souffrance
Pour Fatuma Mohamed Eliyas, les responsabilités remontent à l’ancienne direction de la société d’électricité. «Sous la direction de Mohamed Djounaid et même celle qui a suivi, des milliards ont été déboursés sans aucun résultat, c’est toujours le même souci depuis des années. Aujourd’hui, le seul changement, c’est le nom de la société, passant de Mamwe à Sonelec, et bientôt ce sera peut-être Sonehidza. Nous en avons assez ! », s’indigne-t-elle.Les entreprises ne sont pas épargnées par cette crise. Achiraffi Chafiat Said Abderemane, fondatrice de la marque « Kumbara », spécialisée dans la production de chips made in Comores, raconte les difficultés auxquelles elle fait face. Résidente de Mitsamihouli, elle est contrainte de transporter des bidons d’eau jusqu’à son entreprise située à Moroni. «Comment est-ce possible en 2025 ? C’est une honte. Nous espérons un vrai changement. Le développement est impossible sans électricité 24 heures sur 24», affirme-t-elle.
Dans chaque foyer, chaque entreprise, et sur les réseaux sociaux, l’indignation grandit. La situation est devenue insoutenable. Les habitants attendent des actions concrètes pour mettre fin à cette crise qui paralyse le quotidien de tout un pays.La Sonede, quant à elle, lie la pénurie d’eau aux travaux de réhabilitation en cours de l’un des grands réservoirs, la RB200. L’ouvrage était censé être remis en septembre dernier puis en décembre. La remise est désormais renvoyée en ce début d’année.
Le manque d’approvisionnement en eau serait aussi lié en partie au manque de courant dans les zones où se situent les stations de pompage. Là encore, un projet d’alimentation de ces stations en énergie solaire peine à se concrétiser. En attendant, la Sonede organise une opération de distribution d’eau dans des quartiers de Moroni. Une mesure saluée mais qui demeure encore insuffisante face à la pression actuelle et au calvaire quotidien que subit les habitants de la capitale.