Trouver de l’eau à Moroni, au centre et aussi au sud de la capitale, est le défi que se lancent les citoyens depuis un peu plus de deux semaines. Pas une goutte d’eau ne coule des bornes fontaines de différents quartiers de la capitale depuis de nombreux jours. Les robinets risquent de rouiller, en attendant que les travaux, (lancés, parait-il), soit finis.
Si avant cette période, nombreux attendaient la distribution de l’eau aux environs de 22h, ou encore 23h pour faire le plein dans leurs maisons, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Au début, ce que les habitants qualifient de «sécheresse», non pas parce qu’il ne pleut pas depuis quelques temps, les citoyens comptaient sur les revendeurs d’eau. C’était, en tout cas, le moyen le plus facile pour se procurer un peu d’eau à la maison. Les revendeurs livraient les bidons d’eau à raison de 250fc, et ou 350fc, selon certains témoignages.
Pire encore, au cours de cette semaine, même les revendeurs n’arrivent pas à s’en procurer. «Depuis lundi, j’ai appelé mon distributeur d’eau. Ce dernier m’a dit qu’il séjourne à Vuvuni en attendant que l’eau soit distribuée. Hélas ! », a témoigné Mma Housnat rencontrée à Moroni sur la zone du Café du port. Cette mère de trois enfants qui habite à Zilimadjou déplore une situation très compliquée. «Même quand on a l’argent, on n’a pas d’eau. On est arrivé au point de cuisiner avec de l’eau minérale. Sinon, les enfants risquent de dormir affamés, et dans l’obscurité », a-t-elle souligné, les larmes aux yeux. Cette situation perdure dans plusieurs quartiers. Même quartier, même calvaire.
Et ça ne date pas d’aujourd’hui
Maman Amina habitant à Asgaraly se trouve obligée de se rendre à Mdé, les soirs pour puiser de l’eau. «Là-bas, rentrer avec un jerrican est loin d’être une certitude », a-t-elle fait savoir. Et de poursuivre : «mardi, je suis rentrée les mains vides. Le lendemain, je n’ai pas pu me rendre au travail. A la tombée de la nuit, je suis retournée à Mdé où il m’a fallu faire du porte-à-porte pour qu’une dame sur place me laisse puiser de l’eau de sa citerne».
Le jeune Abdallah Chanfi, résidant à Madjadju, au sud de la capitale, dit avoir fait pareil. Mais contrairement à Maman Amina, après avoir demandé à un jeune de cette localité proche de Moroni s’il y avait une citerne publique, ce dernier lui a indiqué de se rendre au Cefader, le siège du ministère de l’Agriculture, car il s’y trouverait une citerne où certains habitants allaient y puiser l’eau. «Sur place, je n’étais pas le seul. Il y avait plusieurs personnes, je ne l’avais pas imaginé. Le plus important est que je ne sois pas rentré bredouille», a-t-il confié.
A noter que depuis la nuit des temps, Moroni a toujours été confrontée à ces pénuries d’eau. Ces crises cycliques sont souvent les conséquences des travaux qui seraient, selon les autorités de la Sonede, en train d’être engagés.
En décembre 2022, dans un entretien accordé à Al-watwan, le directeur technique de ladite société d’Etat Abdillah Mze Ali avait, entre autres, énuméré la vétusté des infrastructures devenues vieillissantes et une démographie galopante alors que les installations avaient peu évolué durant des décennies.
Au cours de cet entretien, l’hydraulicien avait fait savoir qu’à défaut d’un réseau d’exploitation pérenne, le sud de Moroni qui était épargné de ces crises finirait par être impacté (Lire notre édition du 29/12/2022). Cette crise de l’eau, qui sévit surtout au sud de la capitale, aurait-elle pu être évitée ?