Prévus pour l’année dernière, les forages exploratoires visant à rassurer de l’existence et la quantité de gisements de pétrole trainent, malgré le calendrier annoncé il y a trois ans. Une situation qui est loin d’infirmer ou de confirmer de nombreuses déclarations qui ont été faites. D’ailleurs, Western Energy East Africa Ltd, la compagnie pétrolière signataire du contrat de partage de la production (Cpp) portant sur les blocs 38, 39 et 40, était attendue à confirmer, en 2022, l’existence et le volume des hydrocarbures dans ses blocs d’intervention. Cette année, aucune information n’est officiellement divulguée sur ce sujet alors que le programme des forages exploratoires enregistre désormais une année de retard. Pourtant, ce serait bien la première fois qu’une société spécialisée dans les hydrocarbures aurait l’occasion de se prononcer sur ce dossier, classé aujourd’hui «hautement confidentiel».
Ironie du sort, l’idée de résilier le contrat avec cette compagnie pétrolière supposée se prononcer sur ce sujet avait fait surface en juillet 2021. L’actuel ministre de l’Energie et des Hydrocarbures a recommandé la prudence et la patience sur l’idée de rompre un contrat pétrolier, et le bureau géologique des Comores (Bgc) ne s’est toujours pas prononcé. A se demander si l’institution chargée du dossier a pu concrètement réagir du fait que le courrier est resté sans réponse au bout de 90 jours, c’est comme une résiliation du contrat. “Légalement, le contrat est automatiquement résilié. Mais, le Bgc s’est emparé du dossier de sorte que l’on ignore si les forages exploratoires pourront être légalement prévus cette année 2023. La stratégie usée par le Bgc n’attire pas vraiment des compagnies pétrolières”, nous confie une source au sein du Bureau géologique. La lettre de mise en demeure a été adressée le 31 juillet 2021 au président-directeur général de Western Energy East Africa Ltd. Il s’agit d’une lettre signée par l’ancien ministre de l’énergie, Houmed M’saidie, basée sur ce Cpp entré en vigueur depuis mars 2014. Et elle n’est pas la première adressée à cette compagnie. Une première lettre de mise en demeure, signée le 03 février 2015 par l’ancien ministre Abdou Nassur, lui a également été adressée.
Manque de spécialistes locaux
Par rapport aux capacités locales en matière d’or noir, le pays manque de spécialistes dans le domaine. Le patron du Bgc, Mohamed Chaheir Mohamed, avait fait savoir, l’année dernière, qu’il serait bientôt important de renforcer son équipe scientifique qui représente à peu près 10% du personnel. Pourtant, avance-t-il, des géophysiciens, géologues, environnementalistes, géochimistes seront nécessaires pour le futur “grand” laboratoire. “Juste les 10% du personnel seront en quelque sorte productifs au niveau du laboratoire. Même si le pays se dote de ces profils, nous n’avons pas les moyens de les payer”, regrette-t-il.Cependant, le gouvernement comorien a toujours fait part de ses intentions de prioriser la formation avant de procéder à toute activité poussée d’exploitation des hydrocarbures dans le pays.
Étant donné que ce dernier se trouve en phase de prospection pour découvrir du pétrole et du gaz, l’idée est de posséder des cadres locaux capables de conduire, coordonner et maîtriser la chaîne d’exploitation des produits pétroliers. Un secteur dans lequel aujourd’hui on compte au total moins de quinze géologues et de géophysiciens spécialisés dans le secteur pétrolier, dix ans après l’adoption de la loi pétrolière.Pour rappel, le 17 mars 2014, l’Assemblée de l’Union des Comores, réunie en session extraordinaire, avait approuvé deux contrats pétroliers relatifs au partage de production entre le gouvernement de l’Union des Comores et les sociétés Bahari Ressources Limited/discover Exploitation Comores et Safari Petroleum/WesterEnergy.