Depuis deux semaines, les bonites ainsi que les thons rouges appelés respectivement pwere et mibasi en langue locale sont pêchés en grande quantité à Mwali. À Fomboni, la capitale insulaire, comme dans les localités environnantes, il n’est pas rare de trouver des pwere vendus à chaque coin de rue.L’abondance de ces poissons sur les marchés locaux a fait chuter les prix. À Monaco, un quartier de la ville de Djoiezi, notamment sur la place de Mkadareni, où l’on vend régulièrement du poisson frais, tout comme au marché central de Fomboni, le kilogramme de thon se négocie désormais à 1000 francs comoriens, contre 1500 francs il y a encore quelques semaines. Ce mercredi 7 mai, lors de notre passage dans ces lieux publics, nous avons constaté que le thon se vendait parfois à 1000 francs le kilo et demi. Pour faire face à la concurrence, certains vendeurs n’hésitent pas à proposer leurs produits à 600 francs. Il en est de même pour les bonites.Cette situation fait le bonheur des habitants, déjà fragilisés économiquement par le passage du mois de ramadan, qui profitent de cette opportunité pour constituer des stocks, en remplacement d’autres produits carnés dont les prix atteignent jusqu’à 1750 francs le kilo.
«Face à cette crise économique, comment peut-on acheter un kilo de viande à 3200 francs ou des ailes de poulet à 1750 francs, alors que les poissons ne dépassent pas 1000 francs ? C’est une opportunité à saisir, surtout si l’on peut les conserver», témoigne Abdallah Mari, un sachet plein à la main.À Mwali, ces poissons océaniques sont souvent prisés lorsqu’il n’y a pas d’autres alternatives pour nourrir sa famille. Ils sont aussi très appréciés des petits restaurateurs, notamment pendant les périodes de mauvais temps où les poissons coralliens se font rares, et où les déplacements vers Ngazidja ou Ndzuani pour acheter de la viande deviennent compliqués.
Des pêcheurs nous ont expliqué qu’en cette période de mousson, la mer devient fréquemment agitée à cause du vent. Selon eux, les thons et les bonites sont pêchés en plus grande quantité en ce moment, car ils sont eux-mêmes en quête de nourriture. «En général, ces poissons sont capturés dans des eaux peu profondes. Les petits poissons, comme les sardines, y descendent pour se protéger de la houle. Ce qui rend les prédateurs océaniques plus vulnérables à la faim : ils mangent tout ce qu’ils trouvent », explique un pêcheur connu sous le nom de Mayida.Avant la hausse des prix des hydrocarbures, les poissons coralliens se vendaient à Mwali à 1750 francs le kilo, tandis que les poissons océaniques étaient proposés à 1250 francs. En période d’abondance, leurs prix pouvaient être fortement réduits.