Ces derniers mois, les témoignages de propriétaires de véhicules ou de motos tombées en panne à cause du carburant, fusent sur les réseaux sociaux. Comme toujours, la Société comorienne des hydrocarbures (sch) s’en défend bec et ongles. Les stations-services, elles, assurent de leur côté être aux normes, laissant ainsi sans réponses les consommateurs.
Face à ce rejet mutuel de responsabilités, certaines langues se demandent s’il n’est pas temps de se pencher plutôt vers le principal fournisseur, Oryx Energies, présent dans 17 pays. Certes à travers un communiqué de presse publié, le 29 janvier, le distributeur national des produits pétroliers a disculpé son principal partenaire, mais la question mérite quand même d’être posée, estiment des consommateurs comoriens, qui soulignent que «dans certains pays africains, Addax Energy (groupe Oryx Energies) est déjà remis en cause en raison de son carburant qui serait de mauvaise qualité.»
C’est le cas de la Guinée Conakry. Dans un article publié 10 août 2024, le site Guinéematin.com rapportait que le Réseau national des acteurs du développement durable (Renade) avait interpellé le président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, au sujet des soupçons de corruption présumée et d’importation par Addax Energy d’un carburant de mauvaise qualité en Guinée. Cette Ong guinéenne a rappelé que le trader Addax Energy a déjà été accusé dans le passé par une enquête de Public Eye d’exporter du carburant «toxique» en Afrique.
Pour sa part, le groupe a réagi par communiqué, pour assurer que son contrat d’approvisionnement signé avec la Société national des pétroles de Guinée, au mois d’avril 2024, avait suivi toutes les procédures légales. Toutefois, en septembre 2024, Africa Intelligence révélait que la Renade avait transmis des éléments solides à la justice suisse dans le cadre d’une plainte pénale déposée à Genève concernant cette affaire.
Des lésions corporelles, pirogues en Guinée
La raison de cette action judiciaire ? De nombreux automobilistes guinéens sont confrontés à des pannes de leurs véhicules. «Des utilisateurs rapportent des cas de moteurs endommagés, de vibration lors du démarrage et de performances réduites. Ils attribuent ces problèmes à une prétendue altération du carburant», note le site Guinée 360 News, dans un article publié en ligne le 5 juin 2024, ajoutant que même des véhicules de la présidence guinéenne n’étaient pas épargnés.
Les témoignages cités, sont presque similaires à ceux partagés ces dernières semaines aux Comores. «Je peux vous assurer que ce carburant est toxique. Il y a des véhicules dont les moteurs tremblent dès le démarrage jusqu’à l’extinction et les mécaniciens sont unanimes que ces problèmes sont dûs à la mauvaise qualité du carburant. Même les moteurs des pirogues des pêcheurs sont touchés par cette affaire», confiait au site d’information, le président de l’Union des consommateurs de Guinée.
Dans la blogosphère comorienne, l’on y trouve presque ces mêmes plaintes. Une partie de celles-ci a atterri à la Fédération comorienne des consommateurs (Fcc) qui, dans une conférence de presse tenue le 31 janvier, a rapporté que même des agents manipulant le carburant se disent victimes de lésions corporelles.
Quant à la Sch, elle reste persuadée que le carburant qu’elle réceptionne de la part d’Oryx Energies est irréprochable.«La société réaffirme que tous les produits importés répondent aux normes en vigueur et sont adaptés à une utilisation optimale pour les véhicules.
Le carburant livré aux stations-services ne saurait être compromise par des problèmes de stockage, les citernes de la Sch sont régulièrement entretenues, nettoyées et purgées avant chaque nouvelle réception de carburant. Ces opérations permettent d’éviter toute contamination ou altération de produit avant distribution», martèle la Sch, dans son communiqué publié le 29 janvier dans le but de rassurer les consommateurs. A ce stade, n’est-il pas le moment de regarder un peu plus du côté d’Oryx Energies ?