Un jeune couple de mariés, composé d’un époux britannique et d’une épouse de nationalité suisse, a célébré son mariage coutumier à Kowe, un village de taille moyenne situé à l’ouest de Ndzuani, à environ 43 kilomètres de Mutsamudu, le chef-lieu de l’île. Hugh Doulton et Effy Vessaz se sont unis dans ce cadre traditionnel. Le vendredi 4 octobre, juste après al-‘asr, la troisième prière de la journée, environ mille personnes ont envahi la grande place aménagée pour accueillir le barzange, le madjilisi version anjouanaise. L’événement revêtait le caractère solennel d’un harusi local, à ceci près que le m’marusi était originaire d’Angleterre.
Un amour qui dure
Une forte représentation de la notabilité, de cadres et autres jeunes, hommes et femmes, de l’île y ont pris part. Des amis et proches des mariés venant de l’Angleterre, Kenya et des îles de Mwali et Ngazidja ont également honoré la cérémonie.
Les habitants de Kowe, joints par ceux de la région de Moya et l’ensemble du personnel de Dahari (Ong créée aux Comores par Hugh Doulton) ont fait briller de mille éclats cette fête de mariage coutumier peu ordinaire en terre comorienne étant l’union de deux amis expatriés.
Le marié du jour, Hugh est tombé amoureux des îles Comores, et particulièrement de Ndzuani, il y aura bientôt 20 ans. C’est en 2005, en qualité d’étudiant, qu’il débarque dans l’île pour des recherches. Il y reviendra quelques années plus tard, en 2008, pour conduire un projet d’intérêt capital pour la population. L’Engagement communautaire pour un développement durable (Ecdd) fera son baptême de feu et durera 5 ans. Son action se tournait essentiellement à la protection de l’écosystème et la biodiversité terrestres et marines, et le développement agricole.
Le charme des coutumes du pays
Très attaché au monde rural de l’île, il a fondé en 2013, avec ses collaborateurs du projet, l’Ong Dahari ayant pour slogan emblématique « Komori ya leo na meso », non seulement pour capitaliser les acquis mais aussi faire un suivi des actions de l’ECDD.Hugh Doulton tombera également sous le charme des coutumes du pays. Après des années de fiançailles avec sa dulcinée, il a décidé de célébrer un mariage civil en Angleterre au mois de juillet dernier avant un mariage coutumier à Ndzuani.
Tous deux membres de l’Ong Dahari, ils ont choisi la localité de Kowe, où ont démarré les activités de l’Ecdd, l’ancêtre de Dahari, pour abriter les cérémonies du mariage. Prenant la parole en Shindzuani, bien qu’approximatif, Hugh a rappelé qu’en 2008, il a intégré Kowe pour démarrer son projet mais aussi nouer de l’amitié car « mdru djuwa yazaliwa be mdru kadji yahisao », suscitant un rire admiratif du public. Il a souligné que 17 ans sont passés et Dahari a grandi et est présente aujourd’hui dans plusieurs villages de Ndzuani et certains villages à Ngazidja. Il a enfin exhorté ses associés à faire confiance dans l’équipe de Dahari et à persévérer ensemble pour affronter les défis.
Devenu notable de l’île
Comme à l’accoutumée, les versets psalmodiés du Saint coran ont été suivis d’une prêche d’un ulema. Ce dernier a tenu à remercier le marié pour l’honneur qu’il a fait à la localité et à la région. Il a salué, au passage, ses apports considérables consacrés à la population. Le prêcheur a terminé son intervention par un appel à l’amour du prochain suivant les préceptes du prophète.
Le barzangue c’est la lecture de certains chapitres du livre de mawulide nabawi (recueil des textes sur la biographie du prophète) accompagnée de chants religieux.Un ami venu du Kenya, a témoigné des caractères humains et de la culture d’amitié que renferme la personnalité du marié.L’engagement de Hugh à mobiliser des fonds et initier des volets de formations au profit des populations locales ont été largement salués au cours de la cérémonie, au terme de laquelle il a été investi notable de l’île.Sabre à la main, vêtu d’un djoho traditionnel et coiffé d’un splendide turban, il a été accompagné dans une procession d’hommes et de femmes jusqu’au domicile de la mariée.
Promotion des produits locaux
En début de la soirée, les femmes ont joué une partie de tari suivi d’un toirab programmé un peu plus tard dans la nuit de ce vendredi.Cependant, la protection de l’environnement et la promotion des produits locaux n’ont pas été occultées par les organisateurs de l’événement. En effet, les sachets distribués aux participants, biodégradables car à base de papier et fabriqués à Ndzuani, contenaient, outre les biscuits faits localement, des pommes de terre, en lieu et place habituellement de produits importés. La boisson servie pour la circonstance était du lait en bouteille de 500 ml produits à Ndzuani, particulièrement chez les producteurs de Nyumakele. Une initiative qui mérite d’être encouragée pour soutenir l’économie locale et éviter ainsi la fuite des devises à l’étranger.