Comme presque toutes les jeunes filles de notre époque, elle avait une tablette, qui lui permettait de se connecter, de faire des photos, et d’étudier aussi. Il s’avère qu’après avoir fini de nager, la jeune fille est repartie chez elle, oubliant sur le sable fin et chaud de Shindini, sa précieuse tablette. Depuis sa vie a basculé. Parce que sur sa tablette, volée, il y avait des photos d’elle. Des photos intimes. La personne qui se l’est accaparée n’a pas trouvé mieux que de diffuser les photos d’elle en petite tenue, ou nue. Les images ont tellement circulé sur internet, via Messenger et Whatsapp que la pauvre a songé mettre fin à sa vie.
Ou encore, cette vidéo, qu’une fille pas encore femme, a envoyé par amour, naïveté, excès de confiance, à son petit ami. Celui-ci, une fois la rupture avec la donzelle consommée, l’a balancée sur Facebook via Messenger. Les vidéos deviennent virales. La fille, ben la fille, elle se débat pour ne pas mourir. Sans doute
Ces derniers temps, ce phénomène a pris une telle ampleur qu’on a envie de le qualifier de phénomène de société. Ailleurs, on parle de Revenge Porn "revanche pornographique" en français.
Le phénomène a pris de l’ampleur depuis quelques années. Mais ces derniers mois, la recrudescence est telle que nous ne pouvons plus nous taire. Un ami me confiait qu’il avait peur de tomber sur une vidéo, une photo d’une sœur, d’une cousine, d’un ami, tellement personne ne semble être à l’abri.
Pire encore, les victimes de cet odieux chantage qui a des effets indélébiles, psychologiques deviennent des coupables. Ici, avec la proximité, la petitesse du territoire, elles sont très vite considérées comme des parias. Surtout que les photos qui circulent sur Internet sont souvent du fait de la victime ou prises avec son consentement. Les internautes ont vite fait de la pointer du doigt oubliant le ou la vraie coupable.
En Europe, dans certains Etats des Etats-Unis en Australie, et quelques autres pays, des dispositions légales ont été prises pour lutter contre ce fléau. Aux Comores, la législation est malheureusement silencieuse, à quelques exceptions près. En effet, dans l’article 320 de la loi Mourad Saïd Ibrahim, il est dit que : "l’exhibition imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible au regard du public est puni d’un an d’emprisonnement et de 500 000 francs d’amende".
Autre conséquence directe du Revenge Porn. Elle vaut une petite histoire bien sordide. Une femme, toujours, après avoir constaté qu’une vidéo d’elle a été reçue et visionnée par un sinistre individu qui lui même l’a reçue de son ex-petit ami, a été obligée d’avoir des relations sexuelles pour éviter qu’il ne la diffuse à son tour. Elle a dû céder à cette ignominie, pensant à tort sauver ce qui pouvait l’être. Sauf que l’énergumène a à son tour envoyé la vidéo à un autre garçon, lequel exigera la même chose de la femme qui a donc eu des rapports sexuels avec lui. Ca a continué pendant un petit moment, jusqu’à ce qu’épuisée, elle finisse par demander à son père de lui faire quitter le pays. C’était cela où le suicide.
Il est aujourd’hui primordial qu’un énorme travail de sensibilisation soit effectué. De même qu’il est urgent que les victimes de revanche pornographique puissent avoir le courage de dénoncer les coupables. Il nous faut accompagner, soutenir, nous battre avec celles et ceux qui seraient prêts à aller au tribunal. Que des peines exemplaires puissent être prises, ne serait-ce que pour pouvoir endiguer ce phénomène à défaut de le stopper. Il est également temps que la législation soit en phase avec l’époque dans laquelle nous vivons parce qu’il n’y a pas de dispositions spécifiques à ce fléau dans notre code pénal. Comme dirait mon ami, personne n’est à l’abri.