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Questions réponses sur les Assises : Koudra Abdérémane à son “ami” Abdérémane Koudra

Questions réponses sur les Assises : Koudra Abdérémane à son “ami” Abdérémane Koudra

Société | -   Contributeur

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Nous vous proposons ce texte d’un genre plutôt original qui nous a été envoyé par le membre du bureau politique du Mouroua, Abdérémane Koudra, sur les Assises nationales. Koudra soutient, entre autres choses, que le “M11 devait supporter la totale responsabilité politique de cette activité “Assises” et une fois réalisée, remettre les recommandations (conclusions) aux autorités”.

 

“Merci, cher ami, pour avoir accepté de poursuivre la discussion en public. Je pense que nous participons nous aussi dans une certaine mesure aux travaux des assises. Reprenons les questions :

 


Tu dis que je suis contradictoire car j’ai accepté d’être représenté au Cpan et je reste critique sur la démarche suivie ?




C’est vrai, la position est difficile, mais le contexte du pays ne favorise pas autre chose.  Nous baignons tous dans “la confusion des esprits”. Au moment où tout le monde réclame la clarté et la simplicité, nous sommes encore partis dénicher une approche compliquée, politiquement difficile à mettre en œuvre et financièrement coûteuse. Nous avons effectivement le don de compliquer les choses.

Le Mouroua aura, certainement, à évaluer la situation et savoir si il confirme ou pas le positionnement actuel. En ce qui me concerne, je continue à dire que la forme et les missions actuelles du Cpan ne correspondent pas à la situation au pays et aux attentes. Et les responsables de cette situation sont les dirigeants du M11.
Ce point est important, car c’est un différend de fond  avec eux sur le fonctionnement des règles et des principes démocratiques et républicains.

Les relations entre le pouvoir, l’opposition et la société civile (y compris dans le cadre d’une concertation) sont régies par des règles claires, simples et transparentes qui situent les responsabilités des uns et des autres : défendre cela est pour moi participer au renforcement du fonctionnement de la démocratie dans ce pays, qui a tant souffert des années de déficit démocratique.

Tu conviendras avec moi, que nous devons différencier une consultation organisée par le gouvernement sur une question donnée et une initiative portée par la société civile pour des réflexions/évaluations de telle ou telle situation. L’appréciation positive du gouvernement sur cette initiative, la convergence qui peut exister sur la pertinence du choix de l’évènement retenu par la société civile, la volonté du gouvernement à appuyer même financièrement la réalisation de cette activité ne changent rien : le M11 devait supporter la totale responsabilité politique de cette activité “Assise” et une fois réalisée, remettre les recommandations (conclusions) aux autorités.
 Ainsi nous aurions respecté deux choses :

D’abord, le pouvoir politique n’est pas comptable des recommandations qui ne comportent aucun caractère obligatoire; la confusion n’existe plus sur le caractère consultatif des assises; le président de la République est libre d’apprécier ces recommandations ;
Ensuite, la manœuvre de certains qui ne veulent jamais afficher leur position de peur d’être minoritaires et préfèrent se cacher derrière le discours officiel serait ainsi défaite. Car, vois-tu, nous devons reconnaitre que dans le personnel politique, certains aiment changer de position sans explications, le grand écart est naturel.

Au lieu de se battre pour que le gouvernement soit le gouvernement de tous, que le vaincu soit reconnu, protégé et bénéficie d’un statut d’opposition, il veut devenir “vainqueur”.
C’est très compliqué, mon cher et, du coup, il nous fait du n’importe quoi et renforce le discrédit des hommes politiques et le doute profond entre la population et l’élite du pays.

 


Alors, tu confirmes ce que je t’ai dis dans mon dernier Sms, tu ne veux pas que le gouvernement participe au débat ?



C’est, là, ta confusion. Tu t’enfermes dans une logique binaire et simpliste qui n’est pas la mienne : dedans ou dehors, blanc ou noir, les choses ne sont pas aussi simples. Pour toi, vouloir une formalisation des relations entre les détenteurs du pouvoir étatique, la société civile et l’opposition, sur des principes cohérents, clairs, transparents donc durables car solides apparait comme un refus, un non sens et voilà que tu veux m’enfermer dans une boite.

Non, je refuse cette logique. Elle n’est pas saine et n’aide pas à construire l’état démocratique, républicain et moderne auquel nous aspirons tous. Regarde ce qui se passe à Maurice : la deuxième personnalité protocolaire après le premier ministre c’est le leader de l’opposition, et le pays se porte bien. Donc pour moi, le président est élu sur son programme pour cinq ans. Ce programme a commencé à être appliqué avec un certain succès d’ailleurs.

Dans le cadre des Assises, la place des représentants du gouvernement est donc tout indiquée, mais ce sont des représentants du gouvernement donc désignés par eux, participants en qualité d’observateurs et avec, pour principale mission, d’informer les participants à chaque fois que cela est nécessaire, des actions engagées par le gouvernement sur les questions faisant parties de l’agenda des assises. Cette force (forme ?) de participation claire serait féconde, participerait à des échanges utiles, renforcerait la démocratie et poserait les bases d’une amélioration progressive de la gouvernance dans les esprits.

Permets-moi de conclure sur trois choses et un exemple :
1. Plus les jours passent et plus il apparait clairement que nous-nous acheminons vers un évènement important dans le pays mais qui n’est pas les Assises inclusives et ouvertes qui étaient souhaitées et  attendues.

2. Contribuer pour que le gouvernement puisse exercer toutes ses prérogatives dans le respect de nos textes et ne pas y interférer et inviter aussi le gouvernement à reconnaitre et protéger l’opposition, participent à l’édification de l’Etat démocratique et de droit que je souhaite.

3. Eviter le mélange des genres : les discours et missions de la société civile ne peuvent et ne doivent pas être confondus avec ceux du gouvernement, sinon nous faisons le lit du  populisme et du mensonge de masse.

Un exemple mériterait d’ailleurs d’être étudié : c’est la période où sur la question de Mayotte, les discours du comité et du gouvernement se confondaient, où le président de l’assemblée et certains ministres défilaient en tête des cortèges du Comité Maore. Le jour où le gouvernement de l’époque a voulu prolonger ces positions au niveau politique par des décisions insuffisamment préparées, la réalité lui est revenue au visage avec une telle brutalité que nous avions assisté à des attitudes pathétiques de reculade dans le désordre et le ridicule.

Cela a été possible car nous n’avions pas voulu ou su différencier le nécessaire besoin de soutenir la mission idéologique, courageuse, historique du Comité Maore pour lutter contre l’oubli et tenir éveiller les consciences avec la politique de l’Etat.
Je tâcherai, cher ami, de te faire parvenir mon point de vue sur les thèmes des discussions qui constituent aussi un point important du débat.
Bien à toi”.

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