L’annonce de réhabilitation du tronçon route Bahani-Shezani, sur l’île de Ngazidja, a été accueillie comme une bouffée d’oxygène par les riverains et autres passagers des véhicules, incommodée par une route restée en mauvais état durant de longues années. C’est ainsi que les travaux démarrés en juin et confiés à la Weihai International economic et technical cooperative (Wietc), et financés par la Banque africaine de développement ont suscité beaucoup d’espoir. Mais très vite, il eut un petit désenchantement, comme souvent pour des travaux de cette ampleur. «J’ai l’impression que cette route, une fois achevée, sera de très bonne qualité », a d’abord déclaré Zoulfata Abdoulfatah, de la localité d’Idjinkundzi.
« Cependant, a-t-elle poursuivi, j’aurais préféré que les véhicules roulent plus doucement afin qu’elles ne soulèvent pas autant de nuages de poussière à leur passage». «Ou alors, préconise-t-elle, la route devrait être arrosée tous les jours pour éviter l’envol des poussières qui nous rend malades». Taandhuma Adam a l’habitude d’emprunter deux voies qui sont en réhabilitation : celle de Mtsangadjuu à Fumbuni au sud de l’île et Bahani-Gte. « Je fais la route Bandamadji-Moroni et mon constat est que le chantier Mtsangadjuu-Fumbuni avance plus rapidement que celui de Bahani-Gte», a indiqué cette usagère qui a quand même pris le soin de préciser que les travaux n’étaient pas confiés à la même société.
Et de regretter : «En plus, le tronçon Mtsangadjuu-Fumbuni est régulièrement arrosé, ce qui n’est pas le cas de celui de Bahani». Chaharoudine Nassuf, chauffeur de bus faisant la ligne Moroni-Mbeni, a déclaré, non sans ironie, que c’est la poussière qui «règlementait» la vitesse des voitures. «C’est une route très fréquentée et qui devrait être en cette période arrosée tous les jours car la poussière réduit la visibilité des conducteurs », a-t-il fait valoir. Résultat : «Soit nous dépassons la vitesse autorisée pour tenter vainement d’éviter la poussière soulevée par d’autres véhicules, ou nous mettons une certaine distance entre nos voitures, toujours pour les mêmes raisons ». A l’entendre, «si la route n’était pas aussi poussiéreuse, les chauffeurs conduiraient plus doucement, sauf urgence».
De son côté, le chef de mission de contrôle du groupement Geci-Expert Conseil (Groupe d’Experts et de Consultants internationaux), Jean Baptiste Mpingane fait connaitre les efforts de la société pour amoindrir les désagréments cités plus haut. «Pour limiter le soulèvement de la poussière, nous avons construit des dos-d’âne car l’arrosage n’est pas suffisant. Pour humidier la route, il nous faut prendre de l’eau depuis la station de pompage de Vouvouni. En plus, il faut tenir compte des délestages récurrents qui interrompent l’approvisionnement », a-t-il expliqué.
A la question de recourir à d’autres ressources en eau, le chef de mission de contrôle a démontré les problèmes qui se posent en affirmant que cela contreviendrait au cahier de charges. «Nous devons arroser les zones d’ouvrage pour la protection des ouvriers. Le recours à une autre source d’eau n’est pas envisageable car l’eau doit être potable avec une quantité de sel inférieur à 2 grammes par litre», a signalé le chef de mission. Selon lui, la société Wietc fournit des efforts «exemplaires » pour achever les travaux avant le délai de 24 mois stipulé par le contrat.
Moudjib Mohamed Said