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Ramadan et pollution plastique : une urgence environnementale

Ramadan et pollution plastique : une urgence environnementale

Société | -   Ahmed Zaidou

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Le mois sacré du ramadan entraîne une augmentation considérable des déchets plastiques. Durant cette période, les marchés et magasins de prêt-à-porter connaissent une affluence record, chaque achat s’accompagnant systématiquement d’un emballage plastique, parfois même en double.

 

Cette année encore, depuis le début du ramadan, les sacs plastiques s’entassent progressivement dans les rues et ruelles de Mutsamudu, centre névralgique du commerce de l’île. Entre les emballages des produits de première nécessité et la consommation accrue de denrées alimentaires, la ville se retrouve chaque année submergée par une quantité impressionnante de déchets.Les boutiques de tissus, les magasins de chaussures et d’accessoires distribuent systématiquement des sacs plastiques. À cela s’ajoutent les produits alimentaires tels que l’huile, les fruits et légumes, les féculents, les produits laitiers, le sucre, le riz et les boissons. Tous ces articles, achetés en grande quantité pour préparer les repas, sont emballés dans du plastique.


«Pendant le ramadan, nous constatons une augmentation significative des déchets plastiques, principalement due à l’utilisation intensive d’emballages, de sachets plastiques, de bouteilles d’eau et de couverts jetables. Cette hausse est particulièrement marquée dans les zones urbaines, les marchés et les espaces publics », confirme Bayard, chef d’antenne de l’Agence nationale de gestion des déchets à Ndzuani.

Les dangers sur l’environnement

Selon lui, aucun dispositif n’a été mis en place pour répondre à cette situation. Il précise : «L’application insuffisante des réglementations existantes constitue un défi majeur pour la gestion des déchets. Par exemple, la loi Oumouri de 2017, qui interdit la production, l’importation, la commercialisation et la distribution d’emballages et de sacs plastiques non biodégradables, est peu appliquée. Cette absence de contrôle efficace favorise la poursuite de l’importation de sacs en plastique ».


Face à cette situation, des experts alertent sur les dangers environnementaux d’une telle accumulation de déchets plastiques. La biologiste Lydia Halidi regrette notamment l’absence de données précises sur la quantité de déchets plastiques générés pendant ces périodes. « La gestion des déchets plastiques représente un défi majeur, exacerbé durant le ramadan et les périodes de mariages. Comme dans de nombreux pays de la région, les Comores font face à une forte importation de plastiques, notamment en provenance de Tanzanie, de Chine et de Dubaï. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement, environ 80 % des déchets plastiques dans les pays en développement proviennent de ces importations. Or, aucune étude n’a été menée pour mesurer précisément la quantité de déchets générée à cette période », souligne-t-elle.


Interrogée sur les dangers écologiques du plastique, l’experte en gestion des déchets alerte sur les conséquences à long terme de cette pollution, et insiste sur ses effets sur l’écosystème et la santé humaine.«Cette situation pourrait devenir une véritable bombe écologique, tant à court qu’à long terme. Les menaces sont nombreuses : les déchets plastiques abandonnés dans la nature finissent dans les caniveaux, puis dans les océans, menaçant la biodiversité marine. Aux Comores, la population dépend fortement des ressources halieutiques, notamment de la pêche. Si cette tendance persiste, des espèces endémiques comme le cœlacanthe pourraient être parmi les victimes de cette pollution. Par ailleurs, lorsque les animaux marins ingèrent du plastique, ces substances remontent dans la chaîne alimentaire, affectant non seulement les prédateurs, mais aussi les humains qui consomment ces produits, et mettent ainsi en péril la santé publique».

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