L’opération de rapatriement, le week-end dernier vers Madagascar, des 33 femmes et 19 hommes arrivés clandestinement dans notre pays le 1er février dernier, fait encore parler d’elle à Ndzuani. Les versions de cette histoire qui circulent dans les rues et places publiques sont nombreuses. Mais de la bouche du second capitaine du Chamda, le bateau réquisitionné pour ramener ces migrants dans leur pays d’origine, nous apprenons ce qu’il s’est réellement passé.
«Les autorités nous avaient parlé de ce rapatriement, et nous leur avions donné notre accord. Mais cinq jours sont passés, coïncidant avec les intempéries, et j’ai cru que le projet a été abandonné. Nous avons programmé le voyage pour Madagascar pour le samedi [12 février] à 17 heures, mais à 16 heures j’ai été convoqué au bureau de l’Anam [Agence nationale des affaires maritimes], où s’étaient réunis le directeur des ports, celui de l’Anam et bien d’autres autorités», commence par raconter Soyad Saïndou, l’adjoint du capitaine.Et de poursuivre : «Ils m’ont remis la réquisition du procureur, je l’ai lue et je leur ai demandé s’ils avaient obtenu l’aval du gouvernement malgache pour cette opération. Ils m’ont répondu qu’ils ne l’avaient pas.
Une réquisition du procureur
Je leur ai alors demandé s’ils pouvaient garantir le remboursement de notre bateau au cas où il rencontrerait des problèmes à Madagascar, mais ils ont encore répondu par la négative. Finalement le départ a eu lieu contre notre volonté, et moi et mon patron avons été emprisonnés pendant deux jours puis traduits en justice, avant d’être libérés au troisième jour. Le bateau a été remorqué jusqu’aux environs de Mayotte, puis le commandant a allumé le moteur pour continuer la route jusqu’à Madagascar».
A noter que ladite réquisition du procureur de la République près le tribunal de première instance de Mutsamudu, enjoignait «les responsables de l’Anam, la capitainerie du port de Mutsamudu, la douane, la police des frontières et la brigade du port de Mutsamudu d’embarquer sans délai les cinquante-deux passagers de nationalité malgache dans les premiers bateaux en partance vers Madagascar».
De son côté, le commandant du port de Mutsamudu, Aboubacar Houmadi, ne s’est pas attardé sur les détails de l’affaire, mais a comme tout juste voulu défendre le côté légal de la démarche qui a été entreprise pour cette opération. «Un bateau doit envoyer un avis d’arrivée ou de départ 24 heures à l’avance. Concernant le Chamda, il a envoyé son avis de départ pour Madagascar le vendredi 11 février. Il devait donc partir le samedi 12 à 16 heures. Nous avons accompli les formalités administratives et la visite de partance, et tout était correct. S’il y avait donc quelque chose qui n’allait pas, ils [les responsables du bateau] nous l’auraient signalé et nous aurions annulé le départ», a-t-il soutenu.