Depuis les déclarations du président tunisien qui avait accusé les migrants d’Afrique sub-saharienne d’être à l’origine de la criminalité dans son pays, les tunisiens se sont mobilisés pour défendre leur dirigeant, à l’instar du gouvernement tunisien qui nie tout propos xénophobe, raciste ou discriminatoire. Selon plusieurs témoignages de plusieurs ressortissants d’Afrique sub-saharienne, suite, à ces propos, «un déferlement de haine, d’injures raciales, de violence et d’emprisonnements non-justifiés est régulièrement perpétré». Cette montée de violence amène certains pays d’Afrique sub-sahariens à rapatrier leurs ressortissants, à l’instar de la Côte d’Ivoire. Pour la Côte d’Ivoire, la compagnie nationale, Air Côte d’Ivoire a été missionné pour opérer les vols retours de quelques cinq cent Ivoiriens qui ont manifesté leur désir de rentrer au bercail.
Cet exemple a été suivi par la Guinée Conakry qui a affrété un vol spécial pour faciliter le retour de ses ressortissants. Ces deux mouvements de retour amènent à s’interroger sur le sort des ressortissants comoriens qui se trouvent en Tunisie. Sur place, les étudiants comoriens comme tant d’autres Africains vivent un véritable calvaire. Interrogé sur leur sort, le président de l’association des étudiants et stagiaires comoriens en Tunisie (Aesct), Elkabir Ben Ousseini, a rappelé l’arrestation de trois ressortissants comoriens intervenue il y a quelques semaines. «La police des frontières est venue à leur domicile pour les embarquer. Heureusement, ils ont été libérés et sont parmi nous actuellement», a-t-il fait savoir.
Cette atmosphère de peur règne partout dans le pays. Et les informations recueillies auprès de quelques étudiants sur place décrivent cette psychose. «Nous ne sortons pas par peur d’être agressé. Nous sommes obligés de suivre des cours en ligne et même pour aller à la boutique du quartier, c’est vraiment difficile pour nous. Nous aimerions pouvoir rentrer chez nous car nous sommes venus ici pour les études mais la situation ne le permet pas», a fait savoir une jeune étudiante, qui a requis l’anonymat.
Pourtant, le porte-parole du gouvernement comorien avait déclaré dans son compte rendu du Conseil des ministres du mercredi 1er mars dernier, qu’aucun citoyen comorien se trouvant en Tunisie n’avait sollicité l’aide du gouvernement. Cependant, le président de l’Aesct a confié avoir sollicité un soutien de l’Etat comorien. «Notre consule a adressé le rapport de la situation auprès du ministre Dhoihir Dhoulkamal. C’était d’ailleurs parmi les raisons de la rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays». Elkabir Ben Ousseini déplore le fait que notre Etat n’a jusqu’à maintenant pas mis en place un processus concret de rapatriement pour ceux qui souhaitent rentrer. «Notre consule m’a contacté et m’a recommandé d’ouvrir une plateforme pour enregistrer tous les étudiants désireux de rentrer au pays.
Elle a promis de mettre tout en œuvre pour demander auprès de la direction des impôts, une exonération de toutes les pénalités pour nos compatriotes », a-t-il expliqué.
Pour rappel, en 2017 après la diffusion par la chaîne américaine Cnn, d’une vidéo faisant état de cas de trafic d’êtres humains en Libye, le gouvernement comorien par le biais du ministère des Affaires étrangères avait réussi à rapatrier 83 de nos ressortissants à bord d’Ethiopian Airlines, qui étaient internés dans des centres d’accueil en Libye. Le processus a été facilité, à l’époque par l’Oim et le Système des Nations unies aux Comores. Les 83 Comoriens ont pu rentrer sains et saufs.
