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Rapport du Fmi sur la Sonelec I Un résultat annuel de -3,3 milliards de francs en 2022

Rapport du Fmi sur la Sonelec I Un résultat annuel de -3,3 milliards de francs en 2022

Société | -   Nazir Nazi

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Selon un rapport du Fmi, les états financiers de la Sonelec montrent des résultats annuels mauvais d’année en année. En 2023, elle devait procéder à une révision générale de 11 générateurs dont les coûts de plus de 100 millions francs comoriens par groupe électrogène devaient être supportés par l’Etat.

 

La santé financière de la Société nationale de l’électricité (Sonelec) a été analysée par une équipe des services du Fmi (Fonds monétaire international) dans le cadre d’un rapport achevé le 1er décembre de l’année dernière. Le rapport mentionne un «déficit quasi-budgétaire» de la Sonelec, et note que l’établissement fonctionne avec des déficits «réguliers très importants» malgré les nombreuses contributions financières de l’État sous forme de subventions. Selon le document, les états financiers indiquent des résultats annuels de -2,2 milliards de francs en 2021 et -3,3 milliards de francs en 2022, représentant respectivement 17 % et 22 % du chiffre d’affaires pour ces années. Il est précisé que la société est théoriquement assujettie à la taxe sur la consommation et à l’impôt sur les sociétés.


L’équipe du Fmi a identifié plusieurs facteurs expliquant cette situation financière négative, notamment la tarification du kilowattheure qui ne reflète pas le coût de production. Le rapport indique que les tarifs actuels de l’électricité sont largement inférieurs aux coûts élevés de production, et souligne que les prix ne s’ajustent pas automatiquement en fonction de la conjoncture, mais font l’objet de négociations entre la Sonelec et l’État.

Il rappelle également que la dernière augmentation des tarifs de l’électricité remonte au 6 juin 2022, passant de 132 à 198 francs par kilowattheure. Cependant, le Fmi rapporte que même avec cette augmentation, la société d’État ne parvient toujours pas à couvrir les coûts de production élevés, qui sont d’environ 350 Kmf/Kwh, alors que le prix du carburant vendu à la Sonelec n’a pas été augmenté.
Le rapport du FMI, approuvé par le département Afrique et publié en janvier 2024, avance d’autres raisons significatives expliquant le « déficit quasi-budgétaire ». Il mentionne « les montants très importants de factures impayées, les pertes importantes de production et les nombreux actes de malversations » comme des contributeurs significatifs à la situation financière déficitaire permanente de la Sonelec.

Nombreux actes de malversations

Le rapport cite également un article publié le 20 juin 2023 dans Al-Watwan pour illustrer les vols récurrents de carburant au sein de l’établissement.« De nombreux actes de malversations ont été mis en lumière par l’équipe des services du Fonds monétaire international à travers ce rapport, notamment en ce qui concerne les dépenses liées à la révision des groupes électrogènes. Le cas de l’année dernière est évoqué, où l’État a dépensé près d’un milliard de francs comoriens pour réviser une dizaine de groupes électrogènes.

 

« Face à des déficits réguliers, la Sonelec est contrainte de prioriser les dépenses, en particulier celles liées à la maintenance des générateurs, jugées incompressibles et coûteuses. En 2023, elle doit procéder à une révision générale de 11 générateurs, dont les coûts dépassent les 100 millions de francs comoriens par groupe électrogène, et ces coûts sont supportés par l’État », peut-on y lire.


La question de l’achat du gazole est largement abordée dans le rapport. Il est démontré que l’impact de l’introduction des centrales de production électriques par l’énergie solaire n’est pas encore visible, car la Sonelec n’a apparemment pas réduit sa demande en carburant fossile. L’équipe des services du Fmi a noté que la Sonelec absorbe à elle seule une part importante et croissante des hydrocarbures importés, augmentant considérablement ses achats de gazole. Sur les plus de 100 millions de litres d’hydrocarbures importés annuellement en moyenne au cours des cinq dernières années, le gazole livré à la Sonelec représente entre 45 et 50 % du total selon les années.

Plus d’un milliard pour les revisions

 Le rapport de l’organisme international aborde également l’une des problématiques-clés de la société, détenue entièrement par l’État, à savoir la production qui est principalement de nature thermique. Actuellement, la Sonelec produit environ 125 000 MWh par an. Depuis fin 2020, elle complète sa production d’énergie auprès de deux producteurs indépendants d’énergie solaire, apportant chacun 3 MWh à Ngazidja. Un autre projet de centrale solaire de 6 MWh serait en cours, de sorte qu’au total 12 MWh sont attendus d’ici 2024 à Ngazidja. Deux projets de centrales solaires apportant au total 6 MWh seraient également en cours à Ndzuani. Quant à Mwali, avec 1 MWh déjà distribué, la demande est déjà entièrement couverte, selon le rapport.


Ce dernier a également mentionné les subventions directes accordées à la Sonelec par l’État, comprenant l’entretien et l’achat des groupes, une subvention d’exploitation. Cela inclut le gazole détaxé, le paiement en espèces par l’État d’une partie du gazole nécessaire au fonctionnement des groupes électrogènes, le carburant détaxé. Par rapport à la taxe à la consommation, le taux est réduit de 3 % contre 10 %. Il y a l’exonération des droits et taxes douaniers, et l’impôt minimal sur les sociétés est rarement acquitté alors qu’il est dû, comme le souligne le rapport.

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