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Recherches marines I La mission Nekton plonge au cœur des abysses

Recherches marines I La mission Nekton plonge au cœur des abysses

Société | -   Ahmed Zaidou

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Amarré à Mutsamudu, le navire de recherche Angra Pequena conduit la mission Nekton First Descent. Une expédition scientifique inédite dédiée à la préservation des écosystèmes marins et du cœlacanthe.

 

Le navire de recherche R/V Angra Pequena est amarré au port international de Mutsamudu. Le ministre de l’Environnement et du Tourisme, Abubakar Ben Mahmoud, a visité samedi ce bateau scientifique long de 22 mètres. Son arrivée à Ndzuani marque une étape de la mission Nekton First Descent : Comores, dédiée à l’exploration et à la préservation des écosystèmes marins.Prévu initialement pour la semaine précédente, le navire n’a pu accoster que vendredi en raison de conditions météorologiques défavorables. Dès son arrivée, les scientifiques à bord ont accueilli la délégation ministérielle, accompagnée du délégué chargé du développement durable au gouvernorat.
La visite a débuté par une présentation des équipements et des images sous-marines capturées lors des premières plongées. À l’aide de robots capables d’atteindre 1 000 mètres de profondeur, les chercheurs ont filmé la biodiversité des fonds marins, notamment les récifs coralliens de Mitsamihuli et d’Itsandra. Les images montrent des zones en dégradation, mais aussi des secteurs en cours de restauration. Plusieurs espèces ont été observées, dont des requins tigres à six barres et des crevettes vivant à 1 000 mètres de profondeur.


Les explorations ont permis de documenter l’écosystème à 60, 120 et 1 000 mètres de profondeur, avec un objectif principal qui est de «filmer le cœlacanthe», espèce emblématique et rare des Comores. La mission, qui prendra fin le 6 novembre, se poursuivra par 6 mois de travaux d’analyse et de traitement des données. Elle est menée conjointement par les ministères des Affaires étrangères et de l’Environnement, en partenariat avec deux organisations internationales : Nekton et Wildtrust.
«Les scientifiques à bord travaillent en collaboration avec des chercheurs comoriens pour évaluer rapidement notre biodiversité. En tant qu’État insulaire, nous avons un héritage à préserver. Les Comores se sont engagées à l’objectif 30 x 30, qui vise à protéger 30 % de notre océan d’ici 2030. Cela soutient l’économie bleue, renforce le secteur de la pêche et conserve une biodiversité unique et exceptionnelle », a déclaré le ministre de l’Environnement, Abubakar Ben Mahmoud.


Le ministre a également souligné l’importance des technologies embarquées, telles que les landers et les robots sous-marins. «Les données recueillies permettront de planifier l’extension des aires marines protégées et d’assurer la sécurité alimentaire. Nous comptons aussi sur cette mission pour former nos scientifiques et mettre à jour nos données, devenues obsolètes. Le savoir comorien doit être valorisé et intégré dans les futures politiques de conservation», a-t-il ajouté.Pour le spécialiste en protection et conservation des ressources naturelles, Houssoyni Housseni, le travail des scientifiques, qu’ils soient étrangers ou comoriens, est avant tout collaboratif. « Les données recueillies appartiennent à l’État comorien et seront transmises à l’Université des Comores. Nos chercheurs auront la possibilité de poursuivre leurs études et recherches dans des universités partenaires en Angleterre et en Afrique du Sud», a-t-il dit.À bord, la presse a rencontré deux scientifiques comoriens. Ceux-ci ont exhorté le ministre à garantir la continuité des recherches et à créer une zone protégée dédiée au cœlacanthe, afin de prévenir toute capture accidentelle.

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