Des viols, il y en a quasiment toutes les semaines. Perpétrés sur des enfants de 2 ans, des mineurs de 16 ans, sans compter ceux qui préfèrent garder le silence. La sensibilisation effectuée par le Service d’écoute, l’Ascobef ou encore la plateforme des associations de lutte contre les viols sur mineurs n’arrivent pas à inverser la tendance.
Rien que cette année, 90 cas de viols ont été recensés.
La plus jeune des victimes avait 2 ans, le plus jeune des garçons, 5 ans. Un adolescent de 14 ans a été violé. Tout comme une ado de 16 ans. Les chiffres font froid dans le dos et tout laisse croire qu’ils sont en deçà de la réalité.
Elarif Minhadj chargé de l’éducation et de la sensibilisation de la plateforme Subuti Wambe, pense qu’on doit changer la donne pour lutter contre ce fléau car la sensibilisation ne suffit pas. Selon lui, il faudrait revoir les libertés provisoires accordées à ces criminels.
La liberté provisoire renforce le sentiment d’impunité de ces criminels et nous rendent totalement impuissants. Je pense qu’elle doit être conditionnée au cas par cas.
Il ajoutera : “si le viol est un crime, il n’est donc pas normal que des violeurs puissent se voir accorder une liberté provisoire”.
Aller sur le terrain
Puisque rien n’indique qu’un violeur libéré d’une façon qui n’a absolument rien de provisoire (dans les faits) ne récidivera pas. L’énergumène est donc un danger pour la société, une souffrance en plus pour sa victime. Cette dernière ne bénéficie souvent d’aucun système d’encadrement psychologique. Le chargé de l’éducation et de la sensibilisation de la plate forme Subuti Wambe pense que l’on doit changer de stratégie.
La sensibilisation, selon lui, ne doit pas se résumer à la célébration de journées, aux ateliers. “Il nous faut entrer dans les régions, faire de la sensibilisation de proximité, aller sur le terrain, expliquer encore et encore”, a-t-il plaidé. Briser l’omerta, briser la loi du silence.
Et puis, il y a le système judiciaire. Des dossiers égarés, des arrangements à l’amiable et toujours ce sentiment d’impunité. Tout doit être revu pour inverser la courbe de ce fléau.
Le centre pénitencier de Moroni est connu pour sa surpopulation. D’où le fait que des criminels se retrouvent dehors, justement dans le but de le désengorger. “L’Etat doit aménager le site d’Itsundzu pour que les violeurs y soient transférés”.
Et puis la lutte contre le viol ne peut pas être la chasse gardée des Ong. Tout le monde doit s’impliquer. Du plus haut sommet de l’Etat à ses nombreux démembrements. Il faut que le pays puisse protéger les victimes de viol. Il faut aussi qu’il puisse assurer la sécurité de tous. “Les mairies, les préfectures et les gendarmeries doivent être strictes dans cette lutte. Les ONG seules, ne peuvent pas tout faire surtout qu’elles sont limitées dans leurs moyens” conclut-il.