L’ancien député et armateur du bateau Acadie, Attoumane Allaoui alias Andoudou, a tenu une conférence de presse hier, jeudi, au restaurant Le New Select de Moroni. L’objectif a été de donner des éclaircissements après le refoulement de ses deux bateaux au large de Madagascar. Deux navires avaient quitté Moroni le 16 octobre pour se rendre à Madagascar. L’un était un cargo de 1 000 tonnes affrété par une société chinoise pour le transport de machines. L’autre, Acadie, transportait 283 passagers, principalement des malades, dont des femmes malgaches enceintes se rendant à l’hôpital, des étudiants, et d’autres, selon l’armateur.
«Arrivés au large de Majunga, les bateaux ont été empêchés d’accoster sans aucun préavis ni autre document officiel. C’est le médecin venu examiner l’état des passagers qui a informé que ceux-ci allaient rester en quarantaine, car le choléra sévit aux Comores. Les bateaux ont été immédiatement mis à l’écart sans aucune note préalable », s’est indigné le patron d’Acadie.
Les relations amicales
Il a rappelé qu’en février dernier, l’Oms avait déclaré une épidémie de choléra, et que les autorités malgaches avaient officiellement informé la partie comorienne de leur décision de fermer les frontières. Mais cette fois-ci la situation est différente, car «personne n’a été informée », dit-il. Il a ajouté : «Le deuxième jour, la quarantaine a été annulée après une réunion organisée par le gouverneur et le préfet de Majunga, en présence de mon représentant. La décision finale était que les deux bateaux devaient retourner le soir même ».
Se référant au code maritime, les commandants ont refusé de repartir sans le respect de trois conditions : l’approvisionnement en diesel, la nourriture pour les passagers et les membres d’équipage. «Grâce à l’implication du ministre comorien des Affaires étrangères, Mbaé Mohamed, et de l’ambassadeur des Comores à Madagascar, la société française Total nous a ravitaillés en diesel vers minuit», a-t-il fait savoir.«J’ai également demandé qu’ils facilitent le départ du bateau transportant des machines si la pandémie de choléra était véritablement en cause, mais les autorités malgaches ont refusé. Les deux bateaux sont donc retournés aux Comores », a ajouté le conférencier.
Allaoui a critiqué les autorités malgaches pour «n’avoir pas respecté les directives de l’Oms ». Il a également fustigé leur «manque de compassion». «Comment ont-ils pu faire partir un bateau transportant des personnes, dont des personnes âgées, sans se soucier de leurs besoins d’assistance ? », s’est-il interrogé.
Attoumane Allaoui a déclaré n’avoir pas pu honorer ses engagements envers ses clients, notamment la société chinoise, et qu’il allait se tourner vers la loi pour déterminer comment et quoi leur indemniser. «Cette situation m’a causé de lourdes pertes financières. Nous n’avons même pas pu nous procurer quelques médicaments, heureusement que nous avions des stocks. J’ai nourri les quelque 200 passagers pendant trois jours, sans oublier les 14 000 litres de diesel que j’ai achetés à Total », a-t-il précisé.
Attoumane Allaoui a également évoqué des pertes s’élevant à des millions de francs suite à ce malheureux désagrément. Mais, selon lui, c’est surtout «le gouvernement comorien qui a été humilié par les autorités malgaches, avec la complicité de Comoriens malveillants, dépourvus d’honnêteté et de patriotisme». Il a appelé les autorités comoriennes à «prendre les mesures nécessaires pour faire respecter l’autorité de leur pays», rappelant que «la décision malgache n’a pas pris en compte les liens de coopération et d’amitié existant entre les deux nations depuis des années ».
