De la clémence. C’est tout ce que sollicite Mariama Mdohama, à qui le consulat français de Moroni a refusé un visa court séjour le 5 mars. Pourtant cette mère ne cherchait pas à se rendre en France pour des vacances, mais pour être aux côtés de sa fillette de 2 ans et 7 mois atteinte d’un cancer qui suit une chimiothérapie au centre hospitalier universitaire de Latimone à Marseille.La chimiothérapie, comme il arrive chez de nombreux patients, n’a pas pu permettre à la petite, née le 10 août 2022 de se rétablir. Loin s’en faut. Actuellement, Hassani Rahamata est aveugle d’un œil et sourde d’une oreille, selon les informations fournies par l’avocate de sa jeune maman.
Une opération d’énucléation (ablation de son œil gauche) pour éviter que l’infection n’atteigne les autres fonctions est prévue à Paris, à l’institut Curie, l’un des centres de cancérologie de pointe de France. L’opération devait initialement avoir lieu début février, mais en raison des difficultés administratives que rencontre la maman, l’hôpital l’a repoussée et a prévu d’autres examens supplémentaires ce mois-ci. «Être loin de son enfant n’a jamais été supportable n’en parlons plus si celui-ci est malade. Je ne saurais décrire la douleur que je ressens. On m’a envoyé toutes les vidéos c’est une épreuve pénible», confie, désemparée, la mère de Hassani Rahamata. Elle appelle le service consulaire à revenir sur sa décision pour que «je puisse être là quand ma fille va subir cette nouvelle intervention et l’assister pendant la période de suivi». Selon la maman, le cancer de son enfant, qui partait à Paris ce 11 mars, a été diagnostiqué sept mois après sa naissance.
3 ans, le 20 août prochain
Dans sa décision, le service consulaire a émis des doutes quant à la volonté de l’intéressée de quitter le territoire des États membres avant l’expiration du visa. Ce refus, malgré un dossier soigneusement constitué de l’institut Curie, n’a cependant pas dissuadé son avocate qui a déjà introduit des recours dont un référé-suspensif, contre la décision de l’ambassade. L’objectif de cette procédure d’urgence est de demander au juge de suspendre l’exécution de la décision du consulat pour avoir refusé de délivrer un visa court séjour à la maman de Hassani Rahamata, qui fêtera ses trois ans le 20 août prochain.
Ce recours, consulté par Al-watwan, insiste sur le caractère urgent de la situation, et met en avant l’état «critique» de l’enfant dont la présence de la maman est sollicitée par le Docteur Carole Coze du service d’oncologie pédiatrique du Chu de Marseille, depuis février 2024. «Le refus de visa prive à madame Mdohama de la possibilité d’être auprès de sa fille dans cette épreuve. Ce préjudice est grave et irréversible tant sur le plan psychologique qu’en suivi médical de l’enfant. Chaque jour de retard aggrave la situation et réduit les chances du succès du traitement», déplore son avocate, Me Maliza Said Soilihi, contactée par nos soins.
Interrogée sur ce cas, l’ambassade de France a suggéré à la concernée de recourir aux voies légales qui s’offrent à elle pour faire valoir ses droits. «L’ambassade de France a examiné́ avec attention les pièces et l’historique conduisant au refus opposé à̀ la demande de visa de l’intéressée. Dans l’hypothèse où l’intéressée souhaiterait contester la décision prise, il lui est possible de saisir les autorités compétentes en suivant les modalités indiquées en bas de la notification de refus », nous a répondu la représentation diplomatique française.