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Refus de visa pour l'artiste LeG Arzam I «Une décision injuste».

Refus de visa pour l'artiste LeG Arzam I «Une décision injuste».

Société | -

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Après le refus de visa opposé aux artistes du label Twamaya House par l'ambassade de France à Moroni, c'est désormais le tour du jeune artiste comorien, connu sous le pseudonyme "LeG Arzam", de voir sa demande de visa rejetée.

 

Ce jeune artiste, au succès fulgurant et considéré comme l'une des étoiles montantes de la scène musicale comorienne, a vu sa demande de visa refusée en ce mois de juin. Ce refus contraint Arzam à suspendre sa tournée "Summer Tour" financée par Mkayidi Corporate, une tournée qui comprenait les  dates  du  8, 14, 22 et 29 juin, avec un événement phare prévu pour le 6 juillet.

 

Il est rappelé que l'artiste Arzam est en tête d'affiche de cette tournée. Le contrat qui le lie à ses partenaires est un contrat à durée déterminée, conclu conformément aux dispositions du code du travail, pour une série de six spectacles. Ce contrat devait s'achever à la fin de la tournée de l'artiste.

 

Les conditions financières de ce contrat stipulent que l'artiste recevra une somme de 1 000 000 KMF, versée en deux tranches. De plus, le contrat inclut des dispositions claires sur la restauration et l'hébergement du jeune artiste pendant toute la durée de son séjour, jusqu'à son retour à Moroni. L'article 6 du contrat prévoit également un dédommagement en cas d'annulation ou de résiliation hors cas de force majeure.

 

Malgré la bonne volonté des parties et la fourniture de tous les documents nécessaires prouvant l'authenticité de l'accord, le service consulaire français à Moroni semble maintenir une position rigide. Trois motifs principaux sont avancés pour le refus de visa : le manque de justification claire de l'objet et des conditions du séjour, des doutes quant à la fiabilité et l'authenticité des documents justificatifs présentés, et des suspicions concernant la volonté de l'artiste de quitter le territoire avant l'expiration du visa.

 

Ces motifs apparaissent infondés. L'article 1 du contrat détaille clairement les six dates de la "Summer Tour", confirmant l'objet du séjour. Les parties concernées ont fourni des documents authentiques, y compris les matricules des entreprises, permettant à l'ambassade de vérifier l'existence juridique des partenaires du jeune artiste. Mkayidi Corporate, représentée par Soudjay Moumadjad Ben, et IBN Music, représentée par Ismaël Boina Nassuf, ont présenté des informations financières vérifiables.

 

Quant à la suspicion sur la volonté de quitter le territoire, elle semble injustifiée. Le jeune Arzam, qui enchaîne depuis des années des prestations spectaculaires, a voyagé plusieurs fois, notamment à Anjouan et à Mayotte, et est toujours revenu aux Comores avant l'expiration de ses visas. Il a également effectué des séjours à Dar es Salaam pour des projets musicaux, sans intention de rester illégalement.

 

Arzam envisage de faire appel à Maître Maliza Saïd Soilihi, une personnalité influente du monde juridique, pour défendre ses droits. Maître Soilihi a déjà obtenu gain de cause dans des affaires similaires, notamment pour les artistes de Twamaya House, et mène un combat acharné pour les droits des personnes se voyant refuser des visas. Elle est connue pour son engagement en faveur des valeurs démocratiques et des libertés fondamentales.

 

Il convient de souligner qu'Arzam est l'un des artistes les plus talentueux des Comores, se hissant dans un cercle très restreint de célébrités locales. Son dernier clip a cumulé plus d'un million de vues sur YouTube, et il compte une communauté importante de followers sur les réseaux sociaux, avec plus de 12 900 abonnés sur Instagram et 31 000 sur TikTok.

 

Le service consulaire français à Moroni devrait éviter de compromettre la carrière de jeunes talents prometteurs en se fondant sur des précédents malheureux. L'équité et la proportionnalité doivent être respectées, comme le souligne souvent Maître Maliza Saïd Soilihi. La musique comorienne est en plein essor, et il serait regrettable de freiner cet élan en pénalisant injustement des artistes talentueux comme Arzam. Cheikh Mc, une autre figure emblématique de la musique comorienne, a d'ailleurs exprimé son soutien au jeune artiste. Gâcher la carrière de ce talent serait une perte énorme pour l'industrie musicale des Comores, qui connaît actuellement un véritable âge d'or

 

Cette situation a plongé les collaborateurs d'Arzam dans une grande complexité. En effet, tout avait été organisé de manière minutieuse pour ses apparitions scéniques prévues aux dates suivantes : le 8 juin au Centre Artistique PK21 Music, le 14 juin à Lanester à la Discothèque Le Loft, le 21 juin à Rennes au Mango Club, le 22 juin à Cholet au Heart Club 49, le 29 juin à Poitiers au MM Night-Club, et enfin le 6 juillet à Marseille au Dauphin.

 

L'artiste a fourni tous les justificatifs et les contrats le liant à ces établissements, incluant des clauses détaillées sur les minutes exactes de ses apparitions sur scène. Les deux premiers motifs de refus avancés par le consulat ne tiennent pas la route. Quant au troisième motif, bien qu'il soit susceptible d'être examiné, il reste injuste envers ce jeune artiste. Plus de cinq établissements ont investi en lui, impliquant un contrat multilatéral.

 

La question se pose alors : qu'adviendra-t-il de ces établissements et de leurs contrats ? Qui dédommagera qui, et que dit l'ambassade de France à ce sujet ? En ne respectant pas le code du travail et les conventions collectives, cette situation soulève des préoccupations majeures pour toutes les parties impliquées.

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Houdaidjy Said Ali

Maître en Droit public

Spécialité relations internationales

Dakar- Sénégal

 

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