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Refus d’accostage du Maria Galanta I Un acte «salué» mais «perfectible»

Refus d’accostage du Maria Galanta I Un acte «salué» mais «perfectible»

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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La brouille opposant l’Union des Comores à la France a franchi un nouveau palier ce 24 avril. Le Maria Galanta qui transportait notamment des personnes expulsées de l’île comorienne de Mayotte s’est vu interdire l’accostage au port de Mutsamudu. Une mesure vivement applaudie.

 

La France et les Comores ne sont pas d’un même accord sur l’opération «Wuambushu», opération politico-militaire censée «décaser» et «expulser» des Comoriens de l’île comorienne de Mayotte. Lundi, le Maria Galanta qui symbolise «les refoulements» s’est vu interdire l’accostage au port de Mutsamudu. «Tant que la partie française décidera de faire les choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités. Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne», a notamment déclaré le ministre de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud après avoir confirmé l’interdiction faite au bateau d’approcher du port de Mutsamudu.
Une mesure vivement applaudie par les politiques et la société civile qui en appellent, par ailleurs, à plus de fermeté. «Je prends acte de cette décision provenant d’un responsable d’une direction nationale», a dit le gouverneur de l’île de Ndzuani, Anissi Chamssidine.


Une allusion au fait que la mesure émanait du commandant du port et non d’un ministère régalien. «Dans tous les cas, c’est un acte posé qui va dans le sens réclamé par la majorité des Comoriens et dans celui de ma dernière déclaration invitant l’exécutif de l’Union à prendre des mesures d’interdiction des expulsions pour ouvrir la voie au dialogue que propose le président», a-t-il poursuivi.L’ancien ambassadeur des Comores aux Etats-Unis, Soilih Mohamed Soilih, a lui aussi apprécié «le blocage de la machine infernale des expulsions qui relèvent des déplacements forcés et massifs». Le gouverneur de l’île appelle toutefois à «clarifier politiquement la position comorienne vis-à-vis de cette opération qui n’est ni amicale, ni respectueuse du droit international ni des droits humains».


L’ex-diplomate juge cependant la mesure un peu molle. «Le pouvoir de fait de Moroni n’a point osé assumer une décision souveraine de fermeture du port de Mutsamudu, la justifiant par un problème technique, contrairement au juge à Mayotte qui a suspendu les décasages prévus ce mardi en s’appuyant sur le droit», a accusé celui qui fut directeur de la télévision publique.Les organisations de la société civile ont salué la mesure mais voudraient que le gouvernement aille plus loin. «Il doit abroger l’accord-cadre franco comorien signé en juillet 2019 et utiliser tous les leviers possibles pour régler définitivement la question de Mayotte, sans quoi les tensions entre Comoriens des 4 îles ne feront qu’augmenter», a déclaré Nadia Tourqui du collectif «Stop Wuambushu». Le Comité Maore qui reconnait «une mesure louable» espère quant à lui «un acte qui annulera le visa Balladur».

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