“Nous avons convoqué les ulémas comoriens pour réfléchir sur le statut de prêcheurs et d’imams”, a déclaré le député de la région d’Itsandra qui souhaite une proposition de loi pour un “meilleur encadrement” des activités religieuses dans le pays. Cette réunion informelle a été organisée par le Collectif des élus de l’opposition. Ceux-ci veulent sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur “les dérives du régime en place notamment dans les affaires religieuses”, a déclaré le député Tocha Djohar qui estime que “l’absence de statut précis et reconnu de tous place les prêcheurs et les Imams dans une situation précaire”.
Selon l’ancien ministre, Youssouf Mohamed Boina, les ulémas, particulièrement ceux qui ne sont pas membre d’une institution religieuse, sont “quasi unanimement” opposés au projet de délivrance des cartes professionnelles à des prêcheurs et à des Imams.
“Cette initiative est politique, elle est dangereuse car elle donne le pouvoir absolu à un ministre pour décider à qui il veut donner la carte”, dénonce l’ancien ministre qui considère que le gouvernement doit confier le pouvoir de délivrer une carte professionnelle des ulémas à des institutions compétentes, neutres et indépendantes.
“Il faut associer les villes, les villages et tout le monde pour parler en profondeur pour offrir une belle image à la démarche et éviter toute contestation future”, dit-il.
De son côté, le secrétaire général de l’Alliance des ulémas comoriens, Mohamed Athoumani, estime que l’initiative du gouvernement de délivrer des cartes professionnelles à des prêcheurs et à des Imams comoriens “est légitime” dans la législation islamique. “Nous devons nous soumettre à l’initiative et nous devrons obéir aux orientations des autorités nationales, nous n’avons pas le droit de nous y opposer”, explique-t-il.
Les intervenants à la réunion sollicitent la mise en place rapide du Conseil national des ulémas comoriens prévu par la Constitution car il serait le “seul organe habilité à trancher sur toutes les questions relatives à la vie religieuse aux Comores”. D’autres réunions sont programmées dans les prochaines semaines avec l’éventualité de mise en place d’un cadre transitoire sur la professionnalisation des activités des Imams et prêcheurs du pays.