C’est une sortie médiatique qui était très attendue. Une exclusivité accordée aux médias nationaux. Avant-hier vendredi, moins d’une semaine après son expulsion de la France, Ahamada Mmadi a en effet donné une conférence de presse, à Mdjwaezi ya Hambuu, son village natal. Au cours de celle-ci, l’ancien imam de la mosquée Attakwa située à Saint Chamond, a raconté son histoire reprise depuis quelques jours par la presse. Pour rappel, Ahamada Mmadi a perdu son emploi puis renvoyé aux Comores à cause d’un prêche fait le jour de l’Aïd El-kebir de l’année dernière.
En effet le 20 juillet 2021, alors que les fidèles de la commune s’étaient réunis à cette occasion, l’imam aurait cité un verset coranique puis un hadith du prophète. Les textes parlaient du comportement que doivent adopter les femmes musulmanes. Voici le verset en question : “ Ô femmes musulmanes(….) préserve son sexe de ce qui est haram interdit et obéit à son mari(….), tâchez de veiller aux droits d’Allah et à ceux de vos époux, c’est-à-dire vos maris, restez dans vos foyers et ne vous exhibez pas de la manière des femmes d’avant l’islam(…) et ne soyez pas trop complaisantes dans votre langage afin que celui dont le cœur est malade, c’est-à-dire l’hypocrite ne vous convoite pas et tenez(…) un langage décent”.
Motif politique
Une élue du Rassemblement national, le parti de Marine Le Pen, qui est conseillère dans le département, n’a pas perdu de temps pour relayer le prêche sur twitter accusant l’imam de tenir des propos discriminatoires. “Deux jours plus tard, j’ai été convoqué à la préfecture avec le président de la mosquée. On m’a fait comprendre que mon séjour ne serait renouvelé et qu’en plus de ça, j’étais suspendu de mes fonctions”, se remémore notre conférencier. Ce dernier apprendra que l’ordre venait d’en haut, notamment du ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin qui s’était vanté sur twitter d’avoir obtenu la suspension du religieux.
“Les responsables de la mosquée n’avaient pas d’autre choix que d’obéir. Mais je suis convaincu que mon expulsion est purement politique, c’est une machination politique, comme nous étions dans une période de campagne électorale. Mais je ne regrette rien. Je n’ai pas non plus honte car je ne suis pas expulsé pour viol ou un autre choix mais juste parce que j’ai lu un verset du coran “, poursuivra-t-il, l’air serein. Arrivé en France avec un statut d’étudiant, en 2013, après avoir décroché un bac D aux Comores, le natif de Mdjwaezi Hambuu est titulaire d’une licence en sciences de l’éducation obtenu à l’université de Saint-Étienne. Ce n’est qu’à partir de mars 2017, qu’il s’est vu délivrer une carte de séjour temporaire à compter du 20 décembre 2018. Celle-ci a déjà été renouvelée. Il avait à nouveau sollicité un renouvellement le 29 avril 2021, mais par arrêté du 20 octobre de la même année, la préfecture lui opposera un refus. Une décision que la justice adoubera.
Le tribunal a par contre rejeté la mention de menace à l’ordre public visant l’imam. Et le 29 mars dernier, les policiers sont venus lui confisquer son passeport et celui de son épouse, qui se trouvait également dans une situation irrégulière. “C’est l’ambassade des Comores en France qui a délivré les laisser-passer pour ma femme et mes enfants. J’ai refusé de signer les documents. Le 2 mai, jour de l’Aïd, ils se sont pointés chez moi très tôt le matin, vers 6 heures moins, et nous ont ramené à l’aéroport. A Mayotte, ils nous ont fait monter dans un bateau et m’ont dit de nous débrouiller une fois à Ndzuani”, a relaté l’ancien Imam de la mosquée Attakwa. Ce dernier qui a affirmé avoir refusé d’aller s’installer dans un autre pays du Maghreb comme lui avaient proposé certains amis, vit désormais à Mdjwaezi avec son épouse et leurs enfants nés en France mais expulsés. Pour rappel, dans une vidéo publiée sur Facebook vendredi, l’ambassadeur a pourtant assuré qu’il n’a signé aucun document actant l’expulsion du couple puisqu’ils détenaient des passeports.