«C’est notre devoir de sonner l’alarme», a ainsi rappelé Mohamed Saïd Athoumane, principal conférencier et secrétaire général des Ulémas comoriens entouré du docteur Abdoulhakim Mohamed Chakir, de Cheikh Soidiki Mbapandza, Cheikh Aboubacar Djamal-Lail, docteur Nourdine Bacha, entre autres et de l’ancien gouverneur Saïd Hassane Saïd Hachim, invité à cette séance d’échanges avec les médias samedi dernier à Mde ya Bambao.
Appelant à la paix et à la concorde entre les Comoriens, les Ulemas se félicitent des messages de paix véhiculés par le chef de l’Etat mais demandent à ce dernier d’y mettre des faits pour renforcer la cohésion, l’Unité et bannir ceux qui font l’apologie du séparatisme. Les Ulemas demandent «une vraie séparation» entre l’Etat et la religion et se disent choqués par «la montée» aux Comores d’une forme de discours politique qui sape les consciences, les traditions, l’honneur et les fondements sacrés de la Nation comorienne.
«Nous condamnons tous les propos séparatistes. Nous sommes contre ces discours qui alimentent la haine entre Comoriens. Nous nous battrons pour perpétuer l’héritage de nos ancêtres. Tous les Comoriens sont chez eux partout sur le territoire», a précisé le principal conférencier avant d’ajouter : «il y a un niveau de responsabilité où doit mesurer ses mots, nous avons des responsabilités devant les citoyens et devant Allah, le tout Puissant ; et chacun sera appelé à rendre des comptes», a encore souligné Mohamed Saïd Attoumane, évitant de citer personne dans sa déclaration.
Eviter les discours sectaires
Au cours de cette rencontre organisée samedi dernier au siège des Ulémas, les religieux ont voulu «prendre les citoyens à témoins» à travers les medias sur ce qu’ils considèrent comme «une atteinte» aux valeurs qui ont toujours caractérisé les Comoriens en temps de conflit.
Allusion faite à la situation politique actuelle du pays qui «empoisonne» pouvoir et opposition sur diverses questions notamment le transfert des compétences de la Cour constitutionnelle ou l’organisation du scrutin référendaire, le 30 juillet prochain. Pas toujours de sortie de crise à ce jours malgré les appels de réconciliation dont celui de l'un des vétérans politiques, Saïd Hassane Saïd Hachim
«Les Comoriens se sont toujours donnés des moyens pour résoudre leurs malentendus, il y a des mécanismes traditionnels de règlement de différends. Nous lançons un appel aux acteurs politiques du pouvoir et de l’opposition à user de ses moyens pour se parler, discuter, échanger et trouver de solutions sur les sujets qui les divisent», persiste le conférencier. Dans son exposé, le chercheur a demandé aux responsables d’éviter les discours sectaires, à soigner leur langage et à dépasser les intérêts partisans «au nom de la paix».
Interpellé par des journalistes qui cherchaient à savoir la position des Ulémas sur le comportement de certains responsables religieux qui participent à des meetings politiques du pouvoir et de l’opposition, les conférenciers ont répondu en langage creux. Le docteur Abdoulhakim Mohamed Chakir, spécialiste en droit islamique, chargé des questions juridiques au sein des Ulémas a répondu : «nous sommes tous des citoyens, chacun est libre. Mais il est interdit d’user de son statut de religieux pour ses intérêts politiques. Le conseil des Ulémas n’a jamais pris position pour tel ou tel parti, ses décisions restent neutres puisqu’il se considère comme une institution de la société civile».
Les Ulémas comoriens déplorent le manque de retenu de certains responsables politiques dans leurs déclarations publiques et appellent les acteurs «à s’assoir autour d’une table» et créer les conditions «d’un dialogue national rassemblant les forces vives de la nation» sans exception afin d’arracher des compromis sur le climat politique délétère qui prévaut dans le pays.
L’ancien gouverneur, Saïd Hassane Saïd Hachim, a, quant à lui, exhorté les Ulémas à rester toujours «neutres», à s’ériger en rempart contre les divisions et les haines, à perpétuer l’héritage laissé par les grands érudits «de ce pays». Le sage demande les Ulémas à poursuivre les consultations nécessaire dans le but «de ramener tout le monde à la raison».
A.S.Kemba