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Renforcement de la sécurité routière : Les nouvelles mesures s’enracinent lentement…

Renforcement de la sécurité routière : Les nouvelles mesures s’enracinent lentement…

Société | -   Stagiaire

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Trois jours après la publication, le 25 septembre, de l’arrêté du ministre de l’Intérieur sur les nouvelles mesures de sécurité routière, l’atmosphère sur les routes de la capitale incitaient à l’optimisme. Elles semblent obtenir l’adhésion des usagers. Reportage sur les principales artères de la capitale.

 

Jeudi 27 septembre, soit trois jours après l’entrée en vigueur des nouvelles mesures émanant du ministère de l’Intérieur visant à améliorer la sécurité routière dans le but de rassurer les usagers et de réduire au maximum les accidents de la circulation. Il est 10h 30 mn, place de l’indépendance. Sous un soleil de plomb, la police nationale a déjà pris ses quartiers, et le moins que l’on puisse dire, ce qu’elle ne chôme pas. Ce que l’on constate d’emblée, c’est que tous les automobilistes se sont appliqués à attacher la ceinture de sécurité. Comme tout le monde sait, auparavant, c’était le cadet de leurs soucis. Interrogé depuis son volant sur ce nouveau comportement des automobilistes, le chauffeur, Abdou Ahamada, dit saluer l’arrêté ministériel : «Les conducteurs doivent se conformer aux nouvelles mesures de sécurité». Puis tout en reprenant, doucement, sa conduite, il appelle les autres conducteurs à se plier à ces mesures qui, argumente-t-il, «sont prises pour nous protéger». Ensuite, toujours la ceinture attachée, il donne ses impressions sur les nouvelles initiatives du gouvernement plus précisément pour ce qui est du port de la ceinture. «Attacher la ceinture c’est inhabituel pour nous, mais on doit  s’adapter», explique-t-il.

«Sensibiliser avant de verbaliser»

Abdou Ahamada relève la pertinence des mesures prises comme celles d’interdire de téléphoner ou de visionner des vidéos au volant, de rouler sans casques pour les motocyclistes ou encore d’ignorer les feux de signalisation. A l’en croire, l’application de mesures contenues dans l’arrêté ministériel devrait conduire à limiter sensiblement les accidents sur la route. «Si nous, les chauffeurs, appliquons à la lettre toutes ces mesures, nous serons tous à l’abri des accidents et la sécurité routière sera assurée», affirme-t-il avec conviction. Occupé au contrôle des véhicules sur la route menant vers place Mtsangani, un policier en service, Salim Abdallah, accepte de faire une courte pause pour répondre à nos questions.

 


D’entrée de jeu, il dit se réjouir du nouveau comportement adopté par les usagers de la route. «Nous en sommes juste au début et certains chauffeurs ont du mal notamment avec la ceinture. Il nous revient donc de mener un travail patient de sensibilisation pour que la prochaine fois, l’on ait pas à revenir sur le port de la ceinture», explique-t-il. Son collègue, Mohamed Mdjahid Adad, insistera sur les sanctions qui «seront prises» contre les contrevenants. «Ceux qui ne respectent pas les décisions telles que l’interdiction de téléphoner en conduisant, l’obligation de porter la ceinture, etc. encourent des amandes qui peuvent s’accompagner d’un retrait du permis de conduire pendant 15 jours», a-t-il rappelé.

«Faire un pas»

Rond-point Daar-Saada en amont de la place de l’indépendance. Ici, nous constatons que les choses se passent quelque peu différemment. Le long de la file d’attente, certains chauffeurs se passent royalement de ceinture. Ici, deux gendarmes… veillent sans sortir le moindre mot de la bouche. De l’autre côté, tout prêt de la gendarmerie, la circulation était fluide. Il n’y avait pas de bouchons. Cependant, bon nombre de conducteurs ne portent pas la ceinture. Le gendarme qui officie finira par lâcher à notre grande stupéfaction : «je suis ici uniquement pour assurer la circulation et non pour des histoires de ceinture». Lundi 1er octobre. Nous sommes au sixième jour de la sortie de l’arrêté du ministre de l’Intérieur. A 11heures, de l’autre côté de la ville, au marché de Volo-volo, il pleut des cordes. Aucun agent de force de l’ordre dans la rue, et toujours les mêmes scènes habituelles, des bouchons à n’en plus finir. Les motards, casques vissées à la tête, se faufilent, comme à leur habitude, entre les voitures.

 

Pour l’essentiel, en dehors de quelques récalcitrants, les chauffeurs portent leur ceinture. À quelques mètres de nous, un taximan ne la porte pas. Quand on l’interpelle, il tente de s’expliquer : «je viens juste de débarquer les colis d’un passager et j’ai oublié de la remettre. (la ceinture de sécurité, ndlr). Vous savez, il faut du temps pour nous habituer», se justifie-t-il tout en attachant sa ceinture. Puis, il ajoute : «les chauffeurs vont s’habituer rapidement, seulement on leur colle des amandes…». A l’en croire, il appartient «à tous, aux conducteurs, à la population et aux forces de l’ordre de veiller à ce que les objectifs poursuivis dans ces mesures soient atteints». Selon toute vraisemblance, le chemin à parcourir reste long. Mais, comme dit le proverbe, «Clamer que le chemin est long ne le raccourcit pas. Le raccourcir, c’est de faire un pas». Alors, et seulement alors, demain peut-être, sur les routes comoriennes…

Bahiya Soulayman Ben Bacar
Et Faidat Moissi (Stagiaires)

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