À Moroni, les témoignages sur la rentrée scolaire, effectué sur l’ensemble du territoire hier lundi 30 septembfre, affluent. Ils soulignent une situation financière précaire. A Moroni, certains parents cherchent des alternatives dans les librairies locales, réputées pour leurs prix plus compétitifs. Une mère a ainsi dépensé 60 000 francs pour les fournitures de son enfant qui entre en 6e, une somme encore raisonnable pour cette rentrée scolaire. À l’inverse, Echata Athoumani, qui a payé 6 300 francs pour sa fille en CM2, avoue préférer ces librairies aux vendeurs ambulants, où les prix sont souvent plus élevés.
Cependant, même dans ces librairies dites «abordables», la situation n’est pas rose. À Mangani, une mère, Maman Hania, patiente depuis des heures sous la pluie pour acheter des fournitures, tandis que Chaharzade Nourou raconte avoir attendu plus d’une heure pour bénéficier de prix légèrement plus avantageux. Malgré cette attente, elle a pu économiser sur la moitié des fournitures nécessaires.
Pour les familles les plus nombreuses, la rentrée représente un véritable casse-tête financier. Nasrati Mohamed Soundi, par exemple, a dû se contenter d’un budget de 45 000 francs pour deux enfants en CE2, une somme qui, malgré tout, ne suffit pas à couvrir les besoins de toute la famille.
Un problème à l’échelle nationale
À Ndzuani, la situation est similaire. Ismail Bacar, père de trois enfants, se voit contraint de réutiliser les fournitures de l’année dernière pour limiter les coûts. «Les prix augmentent chaque année. Cette année, un simple paquet de cahiers coûte 1 750 francs, voire 3 500 francs pour ceux de meilleure qualité. Il devient impossible de préparer mes enfants correctement pour l’école», se lamente-t-il.
Les commerçants ne sont pas non plus épargnés par cette hausse des prix. Mohamed Abdou, un revendeur de fournitures à Mutsamudu, explique que l’augmentation des frais de transport et des taxes à l’importation rend difficile le maintien de prix raisonnables. «J’achète à des importateurs, donc je suis moi-même confronté à ces hausses. Il est difficile pour nous de trouver un équilibre entre nos marges et le pouvoir d’achat des clients», confie-t-il.
À Mwali, la rentrée s’annonce également sous le signe de la prudence. Soultoine Issa, rencontré au marché de Fomboni, explique que de nombreux parents attendent le versement des salaires pour pouvoir acheter les fournitures de leurs enfants.
Mwali : entre incertitude et solutions locales
Takia Zoubdou, résidante de Djoiezi, raconte que cette année, elle a préféré acheter des cahiers directement dans une école privée, où les prix sont plus abordables que dans les magasins. «Un cahier de 196 pages de grand format coûte 1 000 francs ici, contre le double ailleurs», témoigne-t-elle, même si elle regrette que les livres scolaires restent hors de portée.
Les établissements scolaires de l’île, notamment le lycée de Fomboni, sont également touchés par des problèmes d’organisation. Abdelfakir Lahadji, proviseur du lycée, souligne un manque d’enseignants dans plusieurs matières essentielles telles que le français, la physique-chimie ou encore l’éducation physique. «Nous avons repris les cours, mais nous manquons d’enseignants dans des matières clés. Il va falloir attendre quelques semaines pour voir si cela s’améliore», déclare-t-il, visiblement préoccupé par cette rentrée difficile.
Une éducation en péril
Face à cette situation, de nombreuses familles craignent que la hausse des prix des fournitures scolaires ne compromette l’éducation de leurs enfants. «Comment espérer offrir une scolarité décente si les fournitures coûtent plus cher que nos salaires ? », s’interroge un père de famille de Moroni. La rentrée scolaire, au lieu d’être un moment de préparation sereine, est devenue une source d’angoisse pour des milliers de parents aux Comores. Pour certains, la seule solution reste de faire des compromis, quitte à sacrifier la qualité des fournitures ou à retarder les achats, dans l’espoir que la situation s’améliore dans les semaines à venir.