Les Organisations non gouvernementales (Ong) qui luttent contre les violences faites aux femmes et aux enfants aux Comores ont organisé un point de presse avant-hier, samedi 20 mai au siège du service d’écoute, pour exprimer leur déception après le report de leur marche, initialement prévue le même jour.
«L’initiative avait pour objectif de sensibiliser la population sur les violences faites aux femmes et aux enfants à l’heure où ce fléau prend des proportions inquiétantes», a déclaré la présidente de l’Ong Mwana Tsiwa mdzima, Nadjda Saïd Abdallah.
«Dans notre pays, les violences faites aux femmes sont devenues monnaie courante, et ce malgré nos campagnes de sensibilisation», regrette-t-elle. La présidente de Hifadhu, Rahamatou Goulam, a exprimé sa grande surprise par rapport à ce report in extremis de la manifestation.
«Cela fait cinq ans depuis que nous organisons ces marches pacifiques et nous en organisons en moyenne deux par an. Nous n’avons jamais eu le moindre souci.
Si aujourd’hui, la préfecture avait des inquiétudes au sujet de la sécurité, elle aurait pu nous convoquer un peu plus trop tôt pour qu’on en discute et trouver une solution», dira t- elle.
Plus de 63 cas en 2017
Selon elle, si toutes les Ong ont décidé de multiplier les marches et d’accentuer la sensibilisation pour dénoncer ces «actes odieux», c’est parce que, estime-t-elle, la situation empire du jour au jour. «Le laxisme judiciaire, responsable de la libération des agresseurs, contribue à l’expansion du fléau.
La non application de la loi Mourad qui criminalise le viol et fixe les peines pour les agressions faites aux femmes est un vrai problème», peste Rahmatou Goulam. L’ancien journaliste Elarif Minihadj, a, quant à lui, précisé que le combat contre les violences faites aux femmes et aux enfants doit être l’affaire de tout le monde.
Il faut noter que 2016 fut l’année de tous les records. Au total, quatre cent cas ont été recensés au niveau du pays dont cent vingt à Ngazidja. Pour cette année, plus de soixante trois cas d’agression sexuelle sont déjà enregistrés.
Mais, nombreux sont les parents ou familles qui refusent de briser l’omerta en dénonçant les personnes coupables, soit pour des raisons familiales ou économiques.
Depuis sa mise en place, le service d’écoute enregistre un appel par jour, où des victimes dénoncent des agressions. «Nous ne sommes pas là pour s’acharner contre qui que ce soit. Mais nous voulons juste sensibiliser la société sur ce phénomène.
Et nous appelons donc les autorités à nous accompagner dans ce combat en renforçant les dispositions judicaires et en nous offrant les moyens nécessaires pour lutter contre ce phénomène», a soutenu Rahmatou Goulam.