Réunis à Moroni Oasis le samedi 16 août dernier, des clients d’Onicor (Office national d’importation et de commercialisation du riz) ont exprimé leur colère et exigé la livraison du riz commandé ou le remboursement de leurs avances. Avec un ton empreint de désespoir, ils ont dénoncé une situation devenue insoutenable. «Nous avons attendu trop longtemps, les banques nous harcèlent, nos clients détaillants nous poursuivent, et nous ne savons plus quoi faire», a confié Abdillah Ibouroi, membre du collectif. Selon lui, ils attendent toujours la livraison de 140 conteneurs de riz. «En juin dernier, on nous a dit qu’il y avait 20 conteneurs bloquées au port de Moroni», a-t-il ajouté.
L’un des leaders du mouvement, Ahmed Hassane, est revenu sur l’historique de la crise. Elle remonte à février 2024, sous la direction de l’ancien directeur général, Abdou Miroidi. «Nous avions acheté du riz en grande quantité, mais une fois arrivé dans nos magasins, il était abîmé. Dans certains conteneurs, seuls trois ou quatre sacs étaient de bonne qualité. Nous avons alors retourné le riz aux dépôts de l’Onicor. Quelques clients ont été remboursés, mais la majorité traîne encore cette dette depuis février 2024», a-t-il expliqué.
2,176 milliards, 107 clients
Ce dernier a précisé que cette première dette s’est alourdie en septembre 2024. À son arrivée à la tête d’Onicor, en pleine crise, le nouveau directeur général Moussa Hamada dit Aby, avait promis de relancer l’entreprise. «La direction nous a dit qu’il y avait du riz au large et que nous pouvions l’acheter en attendant son arrivée», a rappelé Ahmed Hassane. Résultat : 107 clients de Ngazidja ont avancé plus de 2,176 milliards de francs pour un volume total de 5 440 tonnes, avec la promesse d’être livrées en une semaine. «Nous ne connaissons pas les chiffres concernant Ndzuani et Mwali», a-t-il ajouté.
Selon les plaignants, entre décembre 2024 et janvier 2025, seulement 40 à 45 % de la marchandise a été livrée. « Malheureusement, le riz livré était de très mauvaise qualité, impropre à la consommation et loin des standards habituels. On ne peut pas le vendre, il encombre nos entrepôts et paralyse nos activités», a dénoncé Ahmed Hassane. Il conteste également les déclarations publiques de responsables d’Onicor affirmant que «la situation est sous contrôle et qu’un plan de relance a été convenu ».
De son côté, Oubeidillah Ahmed a mis en avant les conséquences dramatiques de cette crise pour les clients : pénalités bancaires pour ceux ayant contracté des crédits, citant, entre autres «menaces et pressions des détaillants qui attendent leurs marchandises, pertes financières lourdes».
Tous exigent des mesures immédiates : «remboursement intégral ou livraison conforme, prise en charge des pertes et pénalités, enquête indépendante et sanctions contre les responsables». Ils réclament surtout l’intervention urgente du gouvernement et veulent savoir où est passé l’argent correspondant au riz non livré. «Si rien n’est fait, nous passerons à l’action dès le mardi», ont-ils averti, sans préciser la nature de cette «action ».