Le riz d’Onicor, arrivé le mercredi à Ndzuani, a pu pénétrer dans tous les coins et recoins de l’île hier jeudi. Mais c’est un rationnement plutôt qu’une distribution. Un rationnement qui n’est pas non plus le même partout. « J’ai appris qu’ici à Gungwamwe, le sac de riz sera partagé entre deux personnes », a confié un habitant de ce quartier du centre de Mutsamudu. Une «personne» désigne, dans le cadre de ce rationnement, le représentant d’une famille entière.
Une certaine agitation
Seulement lorsque le riz est arrivé, un sac est distribué entre 5 et 6 personnes. A Bandrani, le même sac était partagé entre quatre personnes. D’ailleurs, dans une des localités de cette sous-région de la préfecture de Mutsamudu, une certaine agitation avait précédé ce rationnement. Des jeunes mécontents étaient contre la manière dont le riz a été rationné.
Ce sont en effet quelques caractéristiques de ce rationnement : très faible quantité, confiée à un responsable communal et non pas à un commerçant. Mais avec ce sac divisé par quatre personnes, les Bandraniens ont été à leur tour plus chanceux que d’autres : dans des localités de la région de Sima, notamment à Bimbini, le sac était reparti entre six personnes.Et pour certains habitants, cela ne valait pas la peine. «Moi je n’en veux pas. Qu’est-ce que je vais faire avec quatre kilos de riz», s’est emportée une mère de famille de ce village, qui a aussi averti qu’elle «n’acceptera pas que son nom soit mis dans une liste».En fait, pour espérer obtenir plus que la quantité rationnée, certaines personnes mettent dans leurs listes des noms d’autres personnes qui «n’en veulent pas», et profitent ainsi de leur part.
La disparité n’est pas seulement dans le rationnement, elle est aussi dans le prix. Si à Mutsamudu des consommateurs affirment avoir acheté le sac de riz à 9 400 francs, à Bimbini le même sac a coûté 12 000 francs ! Et comme ce ne sont pas des commerçants qui le distribuent mais des agents municipaux, l’on se demande ce qui justifie ces 2 600 francs supplémentaires…
Il est vrai que statistiquement, la quantité de riz arrivée sur le sol anjouanais le mercredi est négligeable. 780 tonnes, c’est précisément 31 200 sacs de 25 kilos. L’île comptant précisément 327 382 habitants, selon le dernier recensement de la population et de l’habitat de 2017, un sac de riz devrait donc être partagé entre 8,8 habitants.