Sous le soleil ardent de Ndrondroni, localité agricole de Mledjele, des rizières s’étendent à perte de vue. Ici, les membres de la coopérative Mkamnono, majoritairement des femmes, s’activent autour de ce qui semble être une petite révolution. Grâce aux nouvelles semences introduites par le programme Kafaci (Korea-Africa Food & Agriculture Cooperation Initiative, ou Initiative de coopération en matière d’agriculture et d’alimentation entre la Corée et l’Afrique) et l’organisation non gouvernementale Africa Rice, une transformation s’opère dans la culture du riz, et qui a le don de réduire les délais de récolte tout en promettant une meilleure qualité.
Introduites il y a un an, ces semences ont redonné espoir aux producteurs locaux. Contrairement aux variétés précédentes, qui nécessitaient jusqu’à quatre mois de maturation, cette nouvelle génération permet une récolte en seulement deux mois et demi. « Après avoir procédé à la plantation, nous avons constaté que les rizières poussaient plus vite, ce qui nous a énormément motivés. C’est un record », s’enthousiasme Andhum Abdallah, président de la coopérative Mkamnono. La qualité gustative du riz s’ajoute à cet avantage, et renforce la satisfaction des producteurs. Malgré ces avancées, la coopérative peine à exploiter pleinement les 16 hectares de terres disponibles. Le manque de matériel agricole adéquat et une main-d’œuvre insuffisante freinent l’ambition des agriculteurs engagés dans ce projet. « Avec trois hommes et une vingtaine de femmes, nous ne pouvons pas exploiter toute la surface. C’est un travail qui demande beaucoup d’énergie », explique Andhum Abdallah. Le problème est aggravé par les oiseaux qui ravagent les cultures. « Ces nuisibles consomment 60 % de nos plantations, même si nous passons de 6 heures à 18 heures à les chasser », ajoute-t-il.
16 tonnes de riz par saison
La coopérative produit actuellement environ 16 tonnes de riz par saison, mais estime pouvoir doubler ce chiffre en atteignant 30 tonnes si elle disposait d’une machine pour le défrichage et qu’elle arrive à faire fonctionner la décortiqueuse, offerte par le chef de l’État, Azali Assoumani pour renforcer ses capacités. cet équipement essentiel demande pour son fonctionnement une stabilité du courant electrique entre autres.
Les semences d’Africa Rice ouvrent sans doute de nouvelles perspectives, et la riziculture de Ndrondroni demeure à la croisée des chemins, mais il reste à transformer cette dynamique en véritable succès. Un soutien supplémentaire en matériel agricole, une meilleure gestion des nuisibles et un accès stable à l’électricité sont, nous l’avons compris, essentiels. Les femmes de la coopérative, véritables piliers de cette activité, poursuivent leur combat avec détermination, et espèrent surtout que leurs efforts inspireront des initiatives concrètes pour redynamiser la riziculture dans cette région de Mwali.
Abdillahi Housni