Mohamed Laarifou Rouchni, 18 ans était sans doute un peu stressée ce 3 septembre, comme bon nombre de Comoriens alors qu’elle déposait son dossier relatif à l’obtention d’un visa pour la France. Mais tout au fond d’elle, elle était convaincue que le service consulaire lui accorderait le précieux sésame. Cela pour au moins deux raisons. «J’ai eu une mention très bien en Terminale C, nous sommes 4 au niveau national à l’avoir obtenue», souffle cette jeune femme aux traits encore enfantins. La série C est celle réservée aux élèves les plus brillants. La seconde raison étant que «je suis acceptée à la faculté de médecine de Montpelliers, une chance inouïe». Prestigieuse faculté, la plus ancienne au monde encore en exercice, fondée il y a quelques 800 ans. «En attendant d’arriver sur place, je suis les cours en ligne, la faculté m’a fourni un accès au site», dit-elle.
La réponse de l’ambassade de France aux Comores tombe le 13 de ce mois. Le visa ne lui est pas accordé pour le motif suivant : «les informations communiquées pour justifier l’objet et les conditions du séjour envisagé sont incomplètes et/ou ne sont pas fiables». Rouchni est au début désemparée, surtout que le consulat ne lui a demandé «aucun complément d’information».Celle qui rêve de devenir pédiatre, parce qu’elle «aime les enfants», demande à sa famille s’il y a un moyen de «changer cette décision». Un recours est lancé. La jeune femme au parcours scolaire irréprochable veut croire en sa «bonne étoile». Elle veut croire qu’elle peut encore partir en France.
La jeune fille a suivi sa scolarité au Lycée de la Solidarité de Mbéni. «A Montpellier, j’ai déjà une chambre à la résidence universitaire, j’ai déjà commencé à payer. En plus du soutien financier de ma famille, grâce à la mention obtenue, je fais partie des boursiers de la Meck-Moroni», explique-t-elle. La bourse de l’institution financière s’élève à 150 000 francs et s’étalera sur 3 ans. Elle reconnait cependant que la cérémonie de l’attribution des bourses de la Meck a été organisée après le dépôt de son dossier à l’ambassade. «Je n’ai donc pas pu y joindre l’attestation», regrette-t-elle.
Et puis, la bachelière est revenue sur sa difficulté à obtenir un rendez-vous à la chancellerie. «Je ne parvenais pas à trouver un créneau, je me suis même rendue à Campus France pour espérer trouver une solution», déplore-t-elle. Depuis que les rendez-vous pour les demandes de visa s’obtiennent en ligne, beaucoup se plaignent de la difficulté à en obtenir, certains finissent même par se décourager. Rouchni, elle ne s’est pas découragée mais le jour du dépôt a coïncidé avec le début des cours en France.«J’aimerais tellement que l’ambassade de France à Moroni reconsidère sa décision, c’est la chance d’une vie», déclare-t-elle. Après sa spécialisation, elle compte revenir ici «pour soigner de petits Comoriens».