Face aux interrogations suscitées par l’arrêt soudain des travaux sur les tronçons R3 et R4, qui relient Bahani à Shezani, une source au sein du ministère de l’Aménagement du territoire a tenu à apporter les éclaircissements suivants : «Les travaux sont financés par un bailleur de fonds, la Banque africaine de développement, dans le cadre d’un don accordé à l’Union des Comores. Il ne s’agit donc pas d’un projet que l’on peut suspendre définitivement sans justification valable.»
Selon cette même source, comme tout projet de grande envergure, des imprévus peuvent survenir à différentes étapes. Il admet que des interruptions temporaires sont parfois inévitables.
«C’est exactement ce que nous vivons actuellement. Il s’agit d’un problème administratif en cours de résolution. Ce n’est en aucun cas un obstacle majeur susceptible de mener à un abandon du chantier», a-t-il assuré, précisant que la reprise est attendue pour le début de la semaine prochaine.Et d’insister : «Il ne s’agit pas d’une suspension officielle, mais d’un simple arrêt temporaire, en attendant la résolution du problème. Je tiens à souligner que cette difficulté n’est pas liée à un manque de financement, mais à une question technique.»
Le projet concerne 47 kilomètres de route bitumée, destinés à relier plusieurs localités du nord-est et du nord-ouest de l’île de Ngazidja. «Gérer un chantier d’une telle ampleur n’est jamais simple. Certaines entreprises choisissent de poursuivre les travaux tout en réglant les aspects administratifs, d’autres préfèrent faire une pause dans l’attente d’un accord clair», explique-t-il.Et de préciser : «L’abandon du chantier est totalement exclu, compte tenu des investissements déjà engagés, de l’installation sur le terrain et de la mobilisation de l’entreprise. Celle-ci s’est engagée à 100 % et a mis en place tous les moyens nécessaires à la réalisation des travaux.»
D’après plusieurs sources concordantes, un différend lié au taux de change serait à l’origine de l’arrêt. Le dossier d’appel d’offres avait fixé un taux de 360 francs comoriens pour 1 dollar. Or, au moment de la signature du contrat, six mois plus tard, c’est un taux de 331 qui avait été retenu. La Banque africaine de développement exigerait aujourd’hui que le taux initial soit rétabli. «Il est donc nécessaire de procéder à un avenant au contrat pour corriger cette divergence. C’est précisément le point central des discussions actuelles. Mais nous restons confiants qu’un compromis sera trouvé rapidement», a poursuivi notre source, précisant que l’entreprise n’était pas obligée de suspendre les travaux. «Nouvelle sur le territoire comorien, elle a sans doute préféré s’arrêter temporairement par prudence, dans l’attente de clarifications», a-t-il conclu.
Ce projet de réhabilitation s’inscrit dans une dynamique de modernisation du réseau routier national. Il reliera Bahani à Gte, Itsinkudi, Shezani, jusqu’à Mitsamihuli.Financé par la Banque africaine de développement à hauteur de 8 milliards de francs comoriens, le chantier a été confié à la société chinoise Weihai international economic and technical cooperative (Wietc). Les travaux ont été officiellement lancés en avril dernier, en présence de plusieurs membres du gouvernement.