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Réactions sur le Revenge Porn

Réactions sur le Revenge Porn

Société | -

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En ces temps où des photos et/ou vidéos de femmes et jeunes filles, le plus souvent, mais d’hommes aussi, sont publiées quasiment tous les jours, Al-watwan donne la parole à trois acteurs de la société civile pour donner leur avis sur le Revenge Porn (revanche pornographique).

 


Hamidou Mhoma, président de l’Association comorienne des technologies de l’information et des communications (Actic)


 

On a tenu un atelier il y a 6 mois de cela, avec comme objectif d’éveiller les consciences des usagers par rapport aux dangers des réseaux sociaux. L’idée c’est de protéger les couches vulnérables, notamment les femmes et les enfants.

Il faut que les gens sachent qu’internet n’a pas que des atouts, mais aussi des inconvénients. Les usagers ne sont pas à l’abri d’éventuels dérapages, parmi lesquels l’usurpation d’identité, les insultes et la diffusion de photos ou vidéos litigieuses.

Nous avons présenté auprès du ministère de l’Intérieur un texte qui peut servir de projet de loi dans la lutte contre la cybercriminalité. Ce texte a été approuvé en conseil des ministres mais n’a pas, pour le moment, été soumis à l’Assemblée pour adoption. Il doit être étudié pour savoir s’il est compatible avec le code de procédure civile.

Pour dire que l’Actic a bien conscience de la recrudescence des dérapages dans les réseaux. Derrière, le travail est fait. Il appartient à présent au ministère de l’Intérieur de soumettre le texte à l’Assemblée, car il y a urgence de protéger les couches vulnérables. La loi doit sévir, ces actes ne doivent pas rester impunis.

 


Dr Abdou Raouf Abdou Omar, doyen de la Faculté de Lettres arabes et sciences islamiques (Imam Chafiou)



Du point de vue de notre religion, l’Islam, le corps de la femme est quelque chose de sacré. Il doit être entièrement couvert, excepté les paumes des la mains et le visage. Les gens ne sont en effet attirés que par ce qui est exposé à la vue. La nudité de la femme ne doit pas être exhibée aux yeux du père, du frère, de l’oncle ou de qui que ce soit, à part le mari.

Cela n’autorise pas pour autant ce dernier à prendre des photos et des vidéos, et les diffuser de surcroît sur les réseaux sociaux. C’est haram. La religion interdit d’exhiber une partie que ce soit du corps de la femme, n’en parlons plus les parties intimes.

Ces pratiques indignes bafouent non seulement notre religion mais aussi nos traditions. Elles bafouent, au-delà, notre humanité. Je lance donc un appel aux jeunes hommes pour qu’ils cessent ces pratiques ô combien déshumanisantes. En même temps j’appelle les femmes à prendre conscience du caractère sacré de leur corps et à ne pas succomber à la tentation.

Enfin, j’interpelle les autorités pour qu’ils agissent en conséquence. Quatre éléments donnent à un État son identité : le président (symbole de l’État), le drapeau, l’hymne et la religion. Quand un de ces éléments est foulé aux pieds, ce qui est le cas ici (l’Islam), les autorités doivent user de tous les moyens en leur possession pour y mettre fin.

 


Aniami Mchangama, membre fondatrice de l’association Mwana tsiwa mdzima (Mtm)



Il y a besoin absolu de sensibilisation. Dans notre pays règne le diktat du regard. Les victimes sont souvent mal vues. Les femmes concernées ne doivent pas avoir peur de dénoncer leurs bourreaux. Elles doivent oser. Elles doivent comprendre qu’elles ont le droit, et même le devoir, de dénoncer les auteurs de tels actes.

L’association Mwana tsiwa mdzima œuvrait jusqu’ici dans la lutte contre la maltraitance des enfants, notamment les attouchements sexuels. Depuis deux ans elle a entamé une campagne de sensibilisation. Elle rend visite aux familles et accompagne les victimes dans cette dure épreuve.

Mais face à l’urgence actuelle, l’association doit réorienter sa façon de travailler. Elle doit élargir son champ de travail. Pour la simple raison que ce ne sont pas seulement les enfants qui sont touchés, mais également des jeunes adolescentes qui méritent elles aussi protection.


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