Les travaux de réfection de la route Bahani-Kwambani, confiés à la société chinoise Weihai International Economic & Technical Cooperative Co. Ltd (Wietc), ont débuté à la mi-juin, à la suite de la pose de la première pierre le 20 avril dernier à Istinkudi. Mais sur place, les riverains tirent la sonnette d’alarme, et les ouvriers du chantier ne cachent plus leur inquiétude.
Du côté des commerçantes du marché Dzahadju à Haboho, la peur est palpable. Fatima Ahamada et Marie Mohamed ont dû abandonner leur activité. «Nous n’avons plus d’espace pour vendre, et la route élargie devient trop dangereuse avec les voitures qui foncent à toute vitesse», regrettent-elles.
Comme ces dernières, Nassabia Mohamed et Moindjoumoi Ahamada, également riveraines, ne critiquent pas l’élargissement de la route en soi, mais pointent du doigt la conduite irresponsable de certains chauffeurs. «Ils soulèvent des nuages de poussière qui rendent la vue difficile, surtout pour les enfants qui vivent ici», dénoncent-elles.
Même constat chez les usagers. Ismaël Bacar, passager régulier, déplore la vitesse excessive et le non-respect des consignes. «Parfois, ce sont les passagers qui les poussent à ralentir… d’autres les encouragent à foncer», affirme ce dernier.
Idjab Abdou, transporteur de la région de Washili, pointe l’irresponsabilité collective. Il dénonce une certaine glorification du danger chez certains chauffeurs. «On entend des phrases comme ‘tsimdjaza’ (je l’ai enfoui sous la poussière) ou ‘tsimlatsa’ (je l’ai fait disparaître de ma vue), qui traduisent une fierté déplacée d’avoir conduit à toute allure», raconte-t-il.
Selon une source interne à la direction de Wietc, qui a requis l’anonymat, les comportements imprudents des automobilistes rendent les travaux extrêmement périlleux. «Les chauffeurs nous dérangent, ne respectent ni les panneaux de signalisation ni les consignes de sécurité. Certains forcent le passage avant même que nous ayons le temps de les alerter», confie-t-elle. Parfois, les ouvriers n’ont d’autre choix que de poser des cailloux pour tenter de ralentir la circulation. «Certains nous insultent, mais nous assumons», ajoute-t-elle avec résignation.
Cette source évoque également d’autres dangers majeurs, tels que l’excès de vitesse et la proximité de fils électriques à haute tension. «Il y a quelques jours, un arbre est tombé sur trois fils. On a entendu une explosion, comme une détonation. Tout le monde a pris la fuite», raconte-t-elle, encore secouée.Face à cette situation, les appels à la vigilance se multiplient. Car si les travaux avancent, la sécurité reste un défi. Trois accidents ont déjà été recensés, dont deux avec uniquement des dégâts matériels et un dramatique, ayant coûté la vie à un piéton à la hauteur de la station de Bahani.
Moudjib Mohamed Said