Le Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa) organise depuis hier un atelier de sensibilisation de deux jours au Casm, sur les bonnes pratiques en matière de couverture électorale, à l’approche du référendum visant une révision de la Constitution de l’Union des Comores. Partant du fait que de nombreux litiges ont été relevés sur le non-respect des règles éthiques par certains médias mais aussi l’empiétement des pouvoirs publics dans la liberté d’informer, ce séminaire se propose de donner l’occasion d’examiner ces questions dans un esprit participatif en vue de parvenir à un code de bonne conduite respectueuse des normes à appliquer pour la couverture de la campagne référendaire.
«Dans une atmosphère de relatives tensions, les acteurs politiques devraient développer des points de vue divers et contradictoires entre les partisans du Oui et ceux du Non ainsi que les partisans du boycott. Les rédactions seront soumises à de fortes contraintes susceptibles d’affecter le traitement de l’information suivant des critères professionnels. Ce séminaire a pour objet de préparer les journalistes à cette situation et leur donner les outils nécessaires», peut-on lire dans la note conceptuelle du Cnpa publiée à l’occasion.
Plusieurs présentations ont été faites dans la journée d’hier notamment sur la gestion du temps d’antenne, le journal de campagne ou encore un regard sur les changements constitutionnels. Aboubakar Abdou Msa, juriste et consultant national, a abordé le dernier sujet. Dans son intervention, il a fait état de neuf constitutions de 1976 à nos jours, dans notre pays. Après avoir présenté un bref aperçu des neufs constitutions, il a tiré comme conclusion, au grand regret de tous, «qu’il n’ya pas de leçon à tirer dans aucune des constitutions, chacune des expériences étant inachevées». Il a pris à titre d’exemple la mise en place des communes qui est dans la constitution depuis 1978 et dont la première élection communale n’a eu lieu qu’en 2014, sans aucun budget de fonctionnement.
Pour le cas du journal de campagne, le journal Al-watwan a été pris pour référence dans ce séminaire. Le directeur général d’Al-watwan, Ahmed Ali Amir, a fait une présentation du «journal de campagne» des présidentielles de 2016.
«Poser un regard critique»
Dans ce contexte, il a parlé de la couverture des meetings, conférences de presse et toutes activités relatives à la campagne, présenté un tableau hebdomadaire que publiait Al-watwan pour montrer l’espace qu’occupaient les candidats dans le journal pour maintenir un certain équilibre dans la couverture de la campagne, mais aussi, comment travaillait le journaliste. «Pour couper la sympathie entre candidat et journaliste. Ce dernier couvrait les activités de tous les candidats dans une région», dit-il. Ahmed Ali Amir a montré en outre le rôle principal du média qui est de «poser un regard critique à la fois sur les réussites et les échecs du gouvernement et informer la population de l’efficacité des représentants du gouvernement et des élus».
De son côté, le directeur opérationnel de la télévision nationale, Ben Abdou Saïd Soilih Abdou, a parlé de la gestion du temps d’antenne en prenant l’exemple précis de l’Ortc. Selon lui, lors des élections passées, la Radio-Comores, avait «hérité»,à un certain moment, d’une méthodologie de travail, à savoir, une seule voix à l’antenne.
«Cette pratique qui se faisait au temps d’Ali Soilih s’est poursuivi jusqu’à la présidence d’Ahmed Abdallah», mais, dira-t-il: «la tendance a changé avec l’arrivée au pouvoir de Saïd Mohamed Djohar, il a y eu la pluralité des voix, et un temps d’antenne de 10 minutes a été accordé à tous les candidats en plus de deux minutes au journal». «Le respect de l’équilibre est un combat dont le chemin est long, mais il ne faut pas se décourager», a avancé Ben Abdou qui salue au passage, la charte de Hamramba.
Pour sa part, Ali Moindjie conseiller au Cnpa appelle les responsables des médias à se battre pour le respect des normes et les bonnes pratiques dans la couverture électorale.