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Réhabilitation du Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni I Des retards liés aux contraintes de l’entreprise

Réhabilitation du Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni I Des retards liés aux contraintes de l’entreprise

Société | -   Abdou Moustoifa

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Trois mois après la cérémonie officielle marquant le lancement de la réhabilitation du Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni (Lsmc), le chantier n’a toujours pas démarré. La raison ? Des contraintes administratives et financières pesant sur l’entreprise malgache Tan 2000, adjudicataire du marché, qui peine à fournir la garantie bancaire exigée avant tout décaissement.

 

Le 10 mai dernier, le Lsmc de Moroni avait accueilli une cérémonie solennelle en présence de plusieurs membres du gouvernement et de partenaires internationaux, dont l’ancien ambassadeur de France, Sylvain Riquier. L’événement marquait la pose symbolique de la première pierre des travaux de réhabilitation de l’établissement, financés par l’Agence française de développement (Afd). L’enthousiasme était alors à son comble. La société malgache Tan 2000 venait d’être retenue, avec l’engagement de livrer un lycée rénové en treize mois. Mais depuis cette journée, rien n’a bougé sur le terrain. Aucune brique n’a été posée, au grand désarroi des élèves et enseignants qui espéraient voir leur lycée, aujourd’hui délabré, entamer une nouvelle vie.

Le blocage du côté de l’entreprise

Selon le coordonnateur du programme Bundo la Malezi, Nourdine Bourhane, le retard ne s’explique pas par un manque de financement, mais par les difficultés de l’entreprise adjudicataire. «Tan 2000 a sollicité une avance de démarrage. Mais la procédure exige que l’entreprise fournisse d’abord une garantie financière, délivrée par une banque locale», explique-t-il. Le mécanisme est pourtant précis. Une fois la garantie présentée, près de 20 % du budget total sont débloqués. Ensuite, l’entreprise émet des factures au fur et à mesure de l’avancement des travaux.

Une retenue finale de 5 % est appliquée jusqu’à la réception provisoire, afin de couvrir d’éventuelles réparations. «En cas de fissures ou de défauts constatés à la livraison, nous pourrons utiliser ces 5 % pour corriger les problèmes», précise encore Nourdine Bourhane. Le hic est que les banques de la place réclamaient jusqu’à 50 % du montant de la garantie en dépôt de sécurité, une somme trop lourde à avancer pour l’entreprise malgache. Après plusieurs semaines de négociations, Tan 2000 serait parvenue à un accord avec une institution bancaire, ce qui devrait débloquer rapidement la situation.

Un chantier de 1,8 milliard de francs

Le coût total de la réhabilitation du lycée est estimé à 1,8 milliard de francs comoriens. Cette enveloppe doit permettre la construction de 50 salles de classe modernes, de six nouveaux laboratoires scientifiques et d’une bibliothèque digne de ce nom. Un projet d’envergure pour un établissement emblématique, mais qui reste encore à concrétiser. Initialement fixé à 13 mois, le délai de réalisation ne pourra plus être respecté. Avec la rentrée qui approche, les élèves devront composer avec les bruits et désagréments d’un chantier mené en parallèle des cours. «Le site sera divisé en deux. Une partie réservée aux élèves et une autre aux travaux, jusqu’à ce que les premières salles soient utilisables», assure Nourdine Bourhane.

La question des entreprises locales

Près de quatre sociétés avaient soumissionné pour ce marché. Mais aucune entreprise comorienne n’a été retenue, un fait qui interroge régulièrement l’opinion publique. Le coordonnateur rappelle les règles. A l’en croire, dès qu’un marché dépasse un milliard de francs comoriens, un appel d’offres international s’impose. «L’entreprise doit prouver ses capacités techniques et financières. Elle construit, achète le matériel, paie le personnel, puis se fait rembourser via les factures. Ce système exige des garanties solides, ce qui reste difficile pour beaucoup d’entreprises locales», souligne-t-il. Toutefois, celles-ci ont la possibilité de se regrouper pour renforcer leurs candidatures. A cela s’ajoute une autre contrainte cette fois liée à la vérification de l’agenda des sociétés. «Si une entreprise est déjà engagée dans un autre chantier, cela risque de retarder le nouveau projet. Nous devons nous en assurer», explique Nourdine Bourhane.

Un programme national ambitieux

Le chantier du lycée Saïd Mohamed Cheikh n’est qu’une partie d’un projet plus vaste. Le programme Bundo la Malezi, financé par l’Afd, ambitionne en effet de réhabiliter et construire 45 établissements scolaires à travers l’archipel. L’objectif est d’améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage dans tout le pays. Malgré les retards actuels, les autorités assurent que le financement est disponible et que la reprise est imminente. «Du côté du projet, le problème financier ne se pose pas. Dès que la garantie sera officiellement présentée, nous débloquerons les fonds en moins d’un mois», rassure Nourdine Bourhane.

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