La Commission nationale des droits de l’Homme (Cndhl), en partenariat avec le cabinet de la présidence chargé des Affaires religieuses, a organisé avant-hier, au Palais du peuple, des assises sur le renforcement de la paix civile et la cohésion sociale “dans la dynamique de lutte contre le radicalisme religieux”.
Cette rencontre, financée par l’ambassade de France à Moroni, a vu la participation d’ulémas et de chefs religieux, de notables et d’autres personnes opérant dans le domaine religieux.
Le président de la Cndhl, Ahmed Mohamed Allaoui, a rappelé que ces assises étaient la suite de la série d’opération de sensibilisations menée dans le cadre de la lutte contre le radicalisme religieux qui conduit, selon lui, souvent aux “actes de terrorisme”.
Ces rencontres organisées sur l’ensemble du territoire national auraient pour objectif de “faire comprendre à la communauté nationale que le radicalisme religieux n’est pas la bonne voie pour accéder à la cohésion et à la paix d’autant plus qu’il est trop souvent instrumentalisé pour expliquer des actes de violence.
Ahmed Mohamed Allaoui appelle donc à “réfléchir sur la manière de barrer la route à ce phénomène”.
“Ils ne peuvent pas rester dans ce pays”
Lors des débats, le cadi Mohamed Saïd Athoumani a souhaité une réglementation plus stricte des pratiques et de l’accomplissement des actes en relation avec la religion.
“Nous devons savoir qui est autorisé à faire des prédications, qui peut conduire la prière, qui peut diriger les nikahi, etc. C’est le seul moyen d’éviter le désordre dans la religion”, a-t-il martelé.
Le thème des rites a aussi fait l’objet de débats. La majorité des ulémas présents ont rappelé que les Comores “sont un pays musulman, sunnite de rite chafiite” et le conseiller du président de la République chargé des Affaires religieuses, Saandi Ibrahim, a soutenu que «le rite chafiite est le seul autorisé dans notre pays et (que) celui qui a des idées contraires ne peut pas rester dans ce pays».
Certains des intervenants ont estimé que l’Islam “étant à la base de la paix dans notre pays, on ne pouvait pas autoriser plusieurs rites “sous peine de multiplier les sources de conflits comme on peut le voir dans d’autres pays”.
«Nous devons combattre ensemble pour avoir un seul madh’hab, faire en sorte qu’il y ait un respect entre la religion et les us et coutumes et, enfin, un état fort pour imposer la discipline et l’ordre social», dira Kaambi Roubani.
“Offrir un avenir”
Un membre du Conseil des sages, le notable Mohamed Ben Charaf, a soutenu une toute autre orientation dans la discussion. D’après lui, il ne pouvait y avoir de paix durable dans un pays où la majorité des jeunes est au chômage.
Pour qu’il puisse y avoir de respect de la loi et de la religion, il faut créer des emplois pour ces milliers de jeunes afin qu’ils aient une certaine stabilité financière et puissent s’offrir un avenir, autrement c’est une bombe à retardement.
Enfin, l’enseignant à l’Université des Comores, le docteur Nourdine Bacha, a soutenu que l’unité des Comores prenait sa source dans une religion unique, un seul rite, les coutumes et même la race.
«Si ces éléments, qui constituent la base de l’unité nationale changent et qu’il y a deux religions et deux rites, ce sera le début des conflits ici comme c’est le cas en Iran, en Syrie, en Irak et ailleurs.
Ce sont des guerres entre Chiites et Sunnites et nous devons tout faire pour éviter cela», devait-il conclure.