Après trois jours de tensions, le calme est revenu lundi à Sangani, un quartier des hauteurs de Mutsamudu, à Ndzuani. Les pourparlers engagés depuis le dimanche et conclus lundi à la mairie de Mutsamudu, entre, d’un côté des représentants de l’armée et de l’autorité civile (dont le ministre de l’Information, de l’Economie et le conseil communal), et de l’autre des habitants de ce quartier, ont permis le retour au calme et à l’ordre.
Interrogé par la presse après la réunion du lundi, le capitaine Mohamed Fazul a déclaré que l’armée avait tout à fait le droit de s’en prendre à quiconque osait s’attaquer à sa caserne, car cela constituait un acte de guerre, mais elle a « choisi la voie de l’apaisement, tenant compte de sa fraternisation avec la population de Sangani ».
Interrogé par rapport aux accusations de présumés « actes de vandalisme » qui auraient été perpétrés par ses hommes sur des habitations et des véhicules, l’officier a déclaré : « Quand vous jetez des pierres à un soldat caché derrière une voiture pour se protéger, celles-ci peuvent bien casser la voiture… Qu’est-ce qui prouve que ce sont les soldats qui ont caillassé ces véhicules ? Je ne dis pas que les soldats n’ont rien fait de répréhensible… les dégâts ont pu être engendrés par les deux cotés… »
Un mur du camp détruit et du feuallumé à l’intérieur de la caserne
Les scènes de révoltes avaient éclaté le soir du vendredi 26 février à Sangani, après l’arrestation suivie «d’un passage à tabac en public d’un jeune de ce quartier par des éléments des forces de sécurité», selon de nombreux témoignages. Les militaires assouvissaient «en fait une vieille revanche sur ce jeune homme», a-t-on fait savoir. Il s’agit en fait d’un truand (d’après plusieurs témoignages concordants d’habitants) qui s’en étaient pris à deux de leurs collègues lors d’une opération d’interpellation, cinq mois auparavant.
Il semble de même que lors de cette deuxième arrestation, l’homme en question aurait tenté de s’en prendre à coups de dents à ses assaillants militaires. Et c’est suite à ces événements que des barricades ont été érigées et des pneus brûlés dans le quartier dès le soir-même. Le lendemain, l’armée, qui a son camp sur place, avait riposté par des arrestations massives. Cela n’avait toutefois pas empêché la poursuite des scènes de révolte, jusqu’à aboutir à une démolition d’un pan du mur de clôture du camp militaire.
En dehors des dizaines d’arrestations opérées, du mur du camp détruit et du feu allumé à l’intérieur de la caserne, le bilan matériel de ces affrontements entre civils et militaires s’était aussi soldé par de nombreuses habitations saccagées, des voitures cassées et de nombreuses familles qui avaient fui l’endroit pour se réfugier soit dans le bois environnant, soit chez des proches dans d’autres quartiers.
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