Peut-on arrêter l’extraction du sable marin à Ndzuani ? La question mérite d’être posée, à un moment où les dégâts causés par cette activité sont visibles dans plusieurs endroits de l’île (côtes de Mirontsy, Mwamwa, Mjamawe, Pomoni…) et après que les annonces tonitruantes des autorités chargées de la question se soient succédées, sans donner lieu à aucun changement. La dernière mise en garde, non suivie d’effets, date du début du mois de février dernier. «A partir d’aujourd’hui, celui qui veut ramasser du sable marin doit demander une autorisation aux autorités compétentes, mais cela ne veut pas dire qu’il l’aura automatiquement, car nous devons déjà savoir ce qu’il compte en faire», avait annoncé Zalhat Bacar, la directrice de l’environnement de l’île, lors d’une conférence de presse, entourée de représentants de la gendarmerie et des mairies de Mutsamudu et de Mirontsy.
Le combat pour la sauvegarde de l’environnement
Elle avait précisé que cette mesure subite, bien que déjà stipulée dans la loi sur l’environnement provenait “directement du ministère de l’environnement”, lui-même «sommé par la présidence de la République, alarmée par les dégâts causés par les dernières intempéries». Mais sur les côtes de Mwamwa, de Fumbukuni, de Mirontsy, mais aussi dans la presqu’île de Shisiwani et dans d’autres endroits encore,l’extraction du sable se poursuit depuis, en plein jour et au vu de tous. Il est dommage que la directrice n’ait pas été disponible ce mardi pour expliquer pourquoi, cette fois encore, l’interdiction d’extraire du sable et des agrégats marins en général n’est toujours pas respectée.
L’on peut cependant présumer que ce sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. Car déjà le jour de sa conférence de presse, elle-même ainsi que les représentants des communes de Mutsamudu et de Mirontsy avaient, chacun de son côté, souligné les difficultés sur lesquelles a toujours buté ce combat pour la sauvegarde de l’environnement. «La loi de protection de l’environnement existe et elle a été bien pensée, mais il reste à l’appliquer, et c’est là que réside tout le problème. L’année dernière, l’adjoint du maire a été tabassé [par des ramasseurs de sable]. Nous n’avons pas une police formée et équipée pour ce combat, et lorsque nous appelons les forces de l’ordre, elles ne viennent pas automatiquement», avait souligné le représentant de la mairie de Mirontsy, qui avait estimé que rien ne pouvait se faire sans une «bonne connivence entre la direction de l’Environnement, les communes et les forces de sécurité».
De son côté, la directrice de l’environnement avait soulevé la problématique liée à la subsistance des hommes et des femmes qui s’adonnent à cette activité. Elle avait en effet dit être consciente que «beaucoup de personnes vivent de cette activité», et que le principal objectif de cette interdiction “n’est pas de leur priver de leur moyen de subsistance», d’où la nécessité de «leur trouver d’autres activités génératrices de revenus de substitution». Autrement dit, trouver de l’emploi à tous les hommes et femmes qui vivent de l’extraction du sable, avant de stopper net celle-ci. Tout un programme…