L’annonce avait de quoi ravir les fonctionnaires. Le 27 février, à quelques jours du début du ramadan, le directeur de cabinet du chef de l’État en charge de la défense, Youssoufa Mohamed Ali, promettait le paiement de deux mois de salaires, en début et en fin de mois sacré. Une mesure qualifiée d’«exceptionnelle» par le gouvernement, destinée à «alléger le quotidien des Comoriens».
Deux semaines plus tard, la réalité sur le terrain est toute autre. De nombreux fonctionnaires affirment, au 11 mars, n’avoir toujours pas perçu leurs salaires du mois de février. Dans certains ministères, les écarts de traitement sont remarqués : alors que certains employés ont bien reçu leurs salaires domiciliés à la Meck-Moroni, d’autres – notamment ceux payés via l’ancienne Société nationale des postes et services financiers (Snpsf), devenue Banque populaire des Comores (BPC) – ont toujours des comptes vides.
Un imbroglio bancaire ?
Qui est responsable de ces retards ? Interrogé, Youssoufa Mohamed Ali assure que l’État a bel et bien effectué les versements, pointant du doigt des dysfonctionnements presumés au sein de la Banque populaire. «Cette institution a récemment changé de logiciel, ce qui a provoqué des retards», explique-t-il.Une version que réfute fermement Hayate Hamadi Soulé, directrice générale de la Bpc. «Nous avons exécuté tous les paiements que nous avons reçus. Je n’ai pas perçu l’intégralité des salaires des fonctionnaires », assure-t-elle. Selon elle, la banque n’a en aucun cas bloqué les transactions. Une source autorisée du Trésor public confirme pourtant «le bouclage » des opérations de paie du mois de février 2025.
Dans les rangs des fonctionnaires, l’exaspération monte. Certains ont pu toucher leurs soldes via d’autres établissements financiers, comme les agences du réseau Meck, tandis que ceux affiliés à la Bpc restent dans l’incertitude. En ce mois de ramadan, la promesse gouvernementale semble de plus en plus fragile, laissant nombre d’agents publics dans l’attente d’un versement qui se fait toujours désirer.