Le 16 octobre. C’est la date de la prochaine audience qui se tiendra devant le tribunal social de Moroni opposant le personnel non enseignant et l’administration centrale de l’Université des Comores. Cette procédure judiciaire a été enclenchée par les 50 agents administrateurs en attente des salaires de septembre et octobre 2024 (seuls 6 jours ont été payés) , jamais versés par le Rectorat. L’année dernière, une grève avait paralysé l’Université pendant plus d’un mois. Deux principales revendications étaient au cœur de la protestation : les arriérés de salaires et la transition qui perdurait à l’époque quand un administrateur provisoire dirigeait toujours l’institution.
Si un terrain d’entente a été trouvé par la suite, une partie des agents administrateurs n’a jamais touché son paiement. Le syndicat national du personnel administratif de l’Université des Comores (Sniatos) a entamé des démarches mais celles-ci se sont avérées infructueuses. Hier, l’affaire se trouvait devant le tribunal social pour une tentative de conciliation en chambre de conseil, selon la convocation consultée par Al-watwan. Sauf que seule une partie s’est présentée au bureau du vice-président. " L’Université n’a envoyé personne. Notre avocat lui, a exposé la situation. Nous avons donc été renvoyés devant le tribunal pour une audience publique", a indiqué, le secrétaire général du Sniatos, Chamsouddine Mhoma. «
Proposition de compensation
A en croire ce dernier, le plus étonnant est que ce ne sont pas tous les agents administrateurs ayant observé la grève qui n’ont pas été payés. " Car même des membres du notre bureau ont touché les leurs. Nous comprenons que l’administration a juste ciblé des agents particuliers pour retenir les salaires. A la banque, nous avons appris via les guichetiers que certains noms sont barrés sur la liste des états financiers transmises là-bas", a déploré, le secrétaire du syndicat. " Le syndicat du personnel sollicite le juge qui lui plaît de contraindre l’employeur à respecter les droits des travailleurs. Il y a eu en vain des lettres de mise en demeure, qui ont servi à notifier au Recteur le non-respect de ses obligations, puis une saisine de l’inspection du travail, qui a convoqué les deux parties pour une audience de conciliation.
Un procès-verbal a été adressé par l’inspecteur", a expliqué, l’avocat du syndicat, Me Abdourassoul Abdourahamane. Avant de se tourner vers le tribunal, le syndicat a écrit au Recteur. Dans un courrier en date du 26 novembre 2024, le collectif a demandé un réexamen des salaires impayés. " Nous serions disposés à assurer une permanence au sein de l’entreprise pour une compensation de la période perdue dans l’espoir d’établir un climat de confiance et de justice", avait même proposé le bureau du syndicat du personnel. "On était prêts à travailler durant les vacances de cette année. Mais l’administration n’a jamais fait de geste", a ajouté, Chamsouddine. L’absence d’une suite favorable à cette main tendue a poussé les grévistes à saisir un avocat en vue de trouver un compromis.
Une mise en demeure avait donc été adressée à l’administration centrale, le 2 mai 2025. " Depuis plusieurs mois, le personnel administratif de l'Université des Comores a lancé de multiples alertes et préavis de grève pour dénoncer des dysfonctionnements structurels, notamment des retards de paiement des salaires", rappelle le document qui "déplore qu’à l'issue de ce mouvement, déclenché conformément au droit en vigueur, une partie du personnel administratif gréviste soit privée jusqu'aujourd'hui de son salaire sans aucune justification écrite ni décision administrative fondée sur le droit".
Un débat juridique qui sera tranché devant le tribunal d’ici trois semaines. Selon la mise en demeure, cette mesure prise par le rectorat, est arbitraire et constitue une atteinte grave à leurs droits fondamentaux. " Le droit comorien, tout comme le droit international, reconnait et protège le droit de grève comme un droit fondamental. La Constitution de l'Union des Comores garantit, à l'article 19, les libertés syndicales et le droit de grève pour tous les travailleurs, y compris les agents publics", a souligné, l’avocat de personnel non enseignant.