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Salami en détention, sa suppléance en suspens

Salami en détention, sa suppléance en suspens

Société | -   Sardou Moussa

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Le gouverneur de Ndzuani, Abdou Salami Abdou, a finalement été placé en détention provisoire le soir du jeudi 25 octobre, après avoir été entendu par une juge d’instruction de la Cour de sûreté de l’Etat, au palais de justice de Mutsamudu. Au lieu du centre pénitencier de Koki, il serait selon toute vraisemblance détenu dans le siège de la direction insulaire de la promotion du genre, située à Hombo, à quelques encablures de la gendarmerie, aménagé comme cellule d’isolement provisoire.

 

Son audition a été annoncée pour se tenir depuis le mercredi, mais elle sera retardée jusqu’au jeudi soir. Le mardi dernier, Mohamed Abdou, le commissaire du gouvernement auprès de la Cour de sûreté de l’Etat, avait dit être persuadé que Dr Salami  Abdou est « impliqué dans l’insurrection armée » qui a duré du 15 au 20 octobre dernier à Mutsamudu. Il avait également annoncé que ce dernier est, dans le cadre de cette affaire, accablé de sept chefs d’accusation, allant de la tentative de cession de l’île jusqu’au meurtre. Mais dans son acte de condamnation provisoire (mandat de dépôt), la juge Noura Ousseine a précisément inculpé le gouverneur d’»atteinte à l’unité nationale, participation à un mouvement insurrectionnel, complicité de meurtre, rébellion,  port illégal d’arme et trouble à la sécurité publique».


Maintenant que le chef de l’exécutif anjouanais se trouve empêché d’exercer ses fonctions, la question qui se pose est celle de sa suppléance. Le mardi dernier, en visite dans la médina de Mutsamudu, le président de la République avait assuré que celle-ci se ferait conformément à la loi. Or la constitution nouvellement révisée dispose, dans son article 100 alinéa 2, qu’»en cas de vacance ou d’empêchement définitif du gouverneur de l’île, intervenu dans les neuf cents jours suivant la date d’investiture de son mandat et constaté par la Cour suprême saisie par son cabinet, il est procédé à l’élection d’un nouveau gouverneur, dans un délai de soixante jours». Dans cet intervalle, «l’intérim est assuré par le secrétaire général du gouvernorat». L’alinéa suivant précise ensuite que «si la vacance ou l’empêchement définitif intervient au-delà des neuf cents jours, le secrétaire général du gouvernorat termine le mandat».


Si l’on se fie aux textes, il revient donc au secrétaire général de Nadjah-nadjah de prendre le relai du Dr Salami. Et cela, peut-être, d’une manière définitive. Car si les neuf cents jours de mandat ne sont pas encore atteints (l’on en est autour de huit cent quatre-vingts en cette fin octobre 2018), mais des élections anticipées sont annoncées pour le premier trimestre de 2019. Signalons à ce propos que le dimanche 21 octobre dernier, à quelques heures de son arrestation, le gouverneur Salami avait procédé à la nomination d’un nouveau secrétaire général du gouvernorat de l’île, en la personne de Dr Mohamed Soilihy, en remplacement d’Abdallah Mohamed, un homme qui avait été directeur de campagne à Ndzuani du candidat Azali Assoumani, à l’élection présidentielle de 2016, avant de lui faire défection et de rejoindre le gouverneur Salami. C’est ce dernier qui s’était vu confier, le même dimanche, le poste de directeur de cabinet du gouverneur, en remplacement de Dhounouraïne Toiliha. C’est lui qui devait déjà dire si, comme le lui recommande la loi, il avait déjà saisi la Cour suprême pour constater l’empêchement du gouverneur, mais notre insistant coup de téléphone du samedi après-midi est resté sans réponse.

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