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Salim Soulaimana, secrétaire général de la Cttc I «Nous avons mis l’accent sur la formation syndicale»

Salim Soulaimana, secrétaire général de la Cttc I «Nous avons mis l’accent sur la formation syndicale»

Société | -

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Le secrétaire général de la Cttc (confédération des travailleuses et travailleurs comoriens), Salim Soulaïmana, revient sur les objectifs de ladite confédération et les actions réalisées durant ses mandats. Salim Soulaïmana parle des défis aux lesquels ils sont confrontés, notamment celui consistant à «faire du travail décent une réalité dans le pays». Le patron de la Ctc a enfin fait savoir que le congrès de son organisation aura lieu au mois de décembre de cette année.

 

Voulez-vous nous rappeler les objectifs principaux de la Cttc et comment sont-ils mis en œuvre dans votre travail au quotidien ?

Tout d’abord comme toute organisation syndicale sa première mission est de défendre les travailleurs d’une manière générale. Faire en sorte que les travailleurs soient impliqués dans les différentes conceptions, réalisations de projets et de programmes d’ordre social, mais aussi de mieux défendre les travailleurs dans la conception même des lois régissant le monde du travail. Tout cela doit être fait sur la base d’une stratégie et d’un plan d’action, chose qu’aujourd’hui la Cttc a mise en place à travers des stratégies pouvant permettre de les défendre dans leur ensemble.

Combien de mouvements syndicaux sont affiliés à la Cttc ? Quelles sont les critères d’adhésion auprès de votre confédération ?

Actuellement nous avons dix-sept organisations syndicales et associations à caractère professionnel, national et insulaire, public, parapublic ou privé, voire informel. Adhérer à la confédération, c’est tout d’abord accepter son statut et le règlement intérieur. Une fois acceptés, vous devrez alors accepter les conditions.

Pouvez-vous partager des exemples concrets de réalisations ou de succès obtenus par la Cttc dans la défense des droits des travailleurs ?

D’abord, nous avons pu défendre les travailleurs dans plusieurs textes, en commençant par le Code du travail. Nous avons aussi participé activement à la mise en place de la Caisse nationale de solidarité et de prévoyance sociale. Nous avons par ailleurs participé à la création de la Maison de l’emploi. On a accompagné plusieurs travailleurs en difficulté au niveau de l’inspection du travail. On a encore formé beaucoup de travailleurs sur les fondamentaux du syndicalisme, les méthodes de négociation, notamment. A travers nos partenaires, on a formé beaucoup de salariés et maintenant ils connaissent comment faire valoir leur droit sans pour autant se mettre dans des conditions compliquées. Nous avons réalisé sur le tripartisme beaucoup d’activités aujourd’hui mises en œuvre. La Cttc travaille également avec différents partenaires dont le ministère en charge du Travail, et le Modec.

Justement vous venez de parler du dialogue social, avez-vous discuté avec les dirigeants et les chefs des institutions sur les questions de licenciement et de ponction de salaire, notamment à l’aéroport ?

En parlant des institutions vous vous rendez compte que ce sont des institutions d’Etat. Naturellement les sociétés d’Etats traversent une crise au niveau du dialogue social.Quand il y avait la première crise de Comores télécom, la Cttc est intervenue au niveau de la direction et la situation a été atténuée grâce à notre contribution. Pour ce qui s’est passé à l’aéroport, j’ai toujours cherché un moyen de discuter avec les dirigeants et ce durant des mois, mais ça n’a pas abouti et souvenez-vous que là-bas, il n’y avait même pas un syndicat. C’est la Cttc qui a travaillé sur la mise en place du syndicat des agents de l’aéroport. Je peux dire que nous essayons quand même d’aider les travailleurs, mais pour mieux les accompagner il faut se focaliser sur la formation. Raison pour laquelle nous avons mis l’accent sur la formation syndicale. Nous ne pouvons pas nous focaliser là-dessus.
Il faut revoir la question de l’emploi dans le pays, nous pensons que ce pays a une législation et cette législation bonne ou mauvaise doit être appliquée. Nous avons aussi rassemblé un certain nombre de textes tels des arrêtés et des décrets, mais également des textes internationaux sur le travail et que le pays a ratifié pour les mettre à la disposition des travailleurs afin qu’ils soient mieux outillés.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs aux Comores et quelles actions votre confédération entreprend-elle pour y remédier ?

D’abord il faut dire que ce qui doit faire fonctionner une centrale syndicale comme la nôtre, c’est la cotisation des organisations. Peu d’organisations cotisent auprès de la Cttc, et même si elles cotisent ce n’est pas en mesure de pouvoir répondre aux activités. C’est la raison pour laquelle nous faisons des alliances avec des institutions afin d’avoir de l’accompagnement.

Nous avons récemment entendu des critiques selon lesquelles votre organisation ne fait que dépenser les fonds de soutien fournis par vos partenaires, sans véritable utilité. Pourriez-vous nous expliquer comment ces fonds sont utilisés et quelles actions concrètes votre confédération entreprend pour améliorer les conditions de travail des employés comoriens ?


Je ne sais pas d’où vient cette information, mais la Cttc comme les autres, fait des projets et puis les soumet pour examen. Quand le projet est crédible, ils nous envoient un expert pour venir dispenser la formation ou bien nous leur proposons les formateurs qui sont ici et on le fait avec des rapports narratifs financiers avec toutes les pièces comptables à remettre auprès d’eux. Vous pensez que si ça été gaspillé on allait encore recevoir des fonds ? Je pense qu’il y a des gens qui spéculent à tort sans bien le connaitre. D’abord, l’Oit [Organisation internationale du travail] finance ces trois mandats indépendamment, la Cttc, Modec et le ministère du Travail ou bien le gouvernement d’une manière générale. Aucun de ces acteurs ne reçoit des fonds avant de justifier l’utilisation du précédent financement.

Quels sont les principaux défis auxquels votre organisation est confrontée ?

Faire du travail décent une réalité dans le pays, car c’est un travail librement choisi, qui respecte le dialogue social, un travail qui assure une assurance maladie et tout cela est valable pour tous les salariés du public ou du privé même ceux qui ne sont pas affilié dans des organisations syndicales.

Enfin on dit que vous vous accrochez à ce poste de secrétariat pendant plusieurs décennies, comment est structuré le mandat ? Comment vous préparez-vous pour le prochain congrès ?

La durée du mandat de la Cttc est de quatre ans, avec la possibilité de renouvellement, bien que lors du congrès de 2019, il a été décidé que le mandat serait de quatre ans renouvelable une fois. Ce qu’il faut retenir, c’est que le congrès détient la souveraineté, mais entre deux congrès, c’est le conseil syndical confédéral qui exerce cette souveraineté. La question qui se pose est la suivante :devons-nous nous positionner pour devenir secrétaire général, ou bien sommes-nous désignés par quelqu’un ? Je pense que ce sont les organisations et les travailleurs qui décident, car bien que vous puissiez être en place pour quatre ans, si vous ne défendez pas leurs droits, ils peuvent vous destituer en un an. Normalement, le bureau a décidé en janvier de tenir le prochain congrès en décembre, mais une fois de plus, la décision finale reviendra au conseil syndical confédéral.

Propos recueillis par Faissoil Fatihoudine (stagiaire)

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