La plage de Sambia, située dans le sud-est de l’île de Mwali, à quelques kilomètres de Wanani, disparaît lentement sous l’effet conjugué de l’érosion et de l’extraction incontrôlée de sable. Malgré les alertes, les autorités locales restent silencieuses, laissant ce joyau naturel s’éteindre à petit feu. Selon le Parc national de Mwali (Pnm), plus de 15 arbres ont déjà été arrachés par la mer en moins de trois ans. La situation est critique. « L’érosion progresse, les terres reculent. La montée des eaux et l’extraction du sable détruisent notre littoral sous nos yeux. Si nous ne faisons rien, demain il sera trop tard. Stoppons le prélèvement abusif du sable marin, restaurons les écosystèmes côtiers, protégeons notre avenir, car Sambia a besoin de nous », déclarent les responsables du Pnm.
Sambia n’est pas une plage comme les autres. Elle est l’une des plus grandes de Mwali et l’une des plus remarquables par sa biodiversité. Sa côte abrite une forte concentration d’espèces halieutiques, en particulier les poulpes, capturés ici en grande quantité et en excellente qualité. Cette richesse dépasse celle d’autres plages de l’île, même dans les zones bénéficiant d’un repos biologique mis en place par le Parc national. Son sable fin, sa végétation luxuriante et son caractère sauvage attirent chaque année des visiteurs locaux et étrangers. En somme, Sambia a une valeur écologique, économique et touristique majeure.
Ailleurs…
Mais cette beauté est aujourd’hui menacée. Située à proximité des villages perchés sur le plateau de Djando, Sambia est devenue le point d’accès le plus pratique pour l’extraction de sable. Ce prélèvement intensif, non encadré, accélère la dégradation du littoral. À ce jour, aucune donnée précise n’est disponible sur les quantités extraites, mais les effets sont visibles. Le littoral recule, les arbres tombent, et la plage perd de sa surface chaque année. Le phénomène n’est pas isolé. À Djwaezi, la plage de Komodju, située à un kilomètre à l’est de la ville, subit les mêmes pressions.
Chaque année, la mer y gagne plus de cinq mètres sur la terre ferme. En 2023, les jeunes de la commune avaient tenté de restaurer le site par des actions de reboisement et d’aménagements pour les pique-niqueurs. Hélas, les résultats ont été minimes. Le prélèvement de sable se poursuit malgré les restrictions mises en place par la mairie.
À Mwahani, une autre plage voisine de Sambia, la mobilisation citoyenne prend une autre forme.
Un groupe de jeunes de Wanani, réunis dans l’initiative « La tête dans les eaux récifales », agit pour reboiser les berges et valoriser la rivière qui se jette dans la mer. La semaine dernière encore, ils ont organisé des opérations de nettoyage et d’embellissement. Pendant que des jeunes s’engagent ailleurs, Sambia, elle, continue de se dégrader, sans qu’aucune mesure concrète ne soit prise. La plage, pourtant essentielle à l’écosystème et à la vie économique locale, est laissée à son sort.