Vous êtes à la tête de l’Anrtic depuis bientôt un an. Dans quel état avez-vous trouvé l’institution à votre prise de fonction ?
J’ai trouvé une institution solide, avec des acquis importants en matière de régulation, mais également des défis à relever. Nous avions une organisation en place, mais il fallait renforcer les capacités internes, moderniser nos outils, et surtout, redonner à l’Anrtic un rôle plus proactif dans l’évolution du secteur, notamment avec l’arrivée de la 5G.
Quel est votre diagnostic global sur le secteur des télécommunications aux Comores aujourd’hui ?
C’est un secteur en pleine mutation. L’ouverture à la concurrence a introduit une nouvelle dynamique, mais nous devons encore améliorer la qualité des services, la couverture, et surtout l’accessibilité des tarifs. Le potentiel est énorme, notamment avec les nouvelles technologies comme la 5G.
L’Anrtic vient de célébrer ses 15 ans d’existence. Quels sont les défis prioritaires pour l’avenir ?
Nous devons gérer la transition vers les réseaux de nouvelle génération, renforcer la cybersécurité, promouvoir un véritable partage d’infrastructures, et accompagner la transformation numérique du pays tout en protégeant les consommateurs.
Combien de types de fréquences l’Anrtic gère-t-elle, et quelle part représentent-elles dans votre chiffre d’affaires ?
Nous gérons plusieurs bandes de fréquences, dont celles dédiées à la radiodiffusion, au mobile, au satellite, et aux usages spécifiques (sécurité, maritime, etc.). Les redevances liées à ces fréquences représentent environ 30 à 40 % de notre chiffre d’affaires annuel.
Qu’en est-il du dossier Starlink ?
Nous sommes en train de nous préparer pour l’arrivée d’un éventuel opérateur satellitaire tel que prévu dans la réglementation peu importe l’opérateur en question que ça soit Starlink ou autre. Notre objectif est de garantir que leur implantation respecte les cadres réglementaires nationaux, notamment en matière de qualité de service, sécurité, et fiscalité. L’arrivée d’un opérateur satellitaire peut être un levier pour la connectivité dans les zones reculées.
Pourquoi le partage des infrastructures entre Yas Comores et son concurrent reste-t-il bloqué ?
Nous avons mis en place un cadre de référence pour le partage. Toutefois, des désaccords techniques et commerciaux subsistent entre les deux opérateurs. L’Anrtic joue un rôle de médiateur, et nous sommes confiants qu’un compromis sera trouvé prochainement.
Le pays est-il prêt pour la 5G ?
Techniquement, certaines zones sont prêtes, mais un déploiement massif exigera des investissements. L’objectif est de commencer dans les zones urbaines stratégiques et d’élargir progressivement. La 5G ne sera pas une révolution du jour au lendemain, mais une évolution planifiée.
Avez-vous pris en compte les enjeux de cybersécurité dans l’octroi des licences 5G ?
Absolument. De nouvelles exigences de cybersécurité sont intégrées dans leurs cahiers des charges des opérateurs. Nous avons collaboré avec les autorités compétentes pour veiller à ce que les équipements utilisés soient certifiés et sécurisés.
Peut-on s’attendre à une baisse des prix avec la 5G ?
À moyen terme, oui. La 5G permettra une meilleure efficacité des réseaux, ce qui pourrait réduire les coûts opérationnels. Mais cela dépendra aussi des investissements initiaux des opérateurs. L’Anrtic veillera à ce que les prix restent accessibles à tous les consommateurs.
Les utilisateurs attendent des tarifs plus abordables. Que leur répondez-vous ?
L’équilibre entre viabilité économique des opérateurs et pouvoir d’achat des usagers est délicat. Notre objectif est de créer un marché concurrentiel qui, à terme, fera baisser les prix. Nous travaillons actuellement sur une nouvelle grille tarifaire plus équilibrée tenant en considération le pouvoir d’achat des consommateurs et les investissements des opérateurs.
Pourquoi le régulateur est-il resté silencieux face aux plaintes sur l’évaporation des mégabits ?
Nous n’avons pas été silencieux, mais prudents. Nous avons mené des enquêtes techniques. Des actions correctives ont été exigées. Nous allons mettre en place un système de mesure indépendant de la qualité de service pour renforcer la transparence. La nouvelle loi du secteur a accordé plus de pouvoirs à l’Anrtic dans ce sens.
Quel est le taux actuel de pénétration d’Internet et le chiffre d’affaires du secteur en 2024 ?
Le taux de pénétration a dépassé les 75 % en 2024, grâce notamment à l’arrivée de nouveaux acteurs et à la baisse du coût des terminaux. Le chiffre d’affaires global du secteur a atteint environ 30 milliards de francs comoriens, en progression par rapport à l’année précédente.
Pourquoi le contrôle sur les équipements électroniques importés n’a-t-il pas encore démarré ?
Des ajustements juridiques et logistiques étaient nécessaires. Nous avons finalisé le cadre technique avec les douanes, et les opérations devraient démarrer d’ici le troisième trimestre 2025. L’objectif est de protéger le marché des équipements contrefaits ou non conformes.
Avez-vous déjà commencé à installer les équipements de contrôle du trafic chez les opérateurs ?
La nouvelle réglementation qui autorise à l’Anrtic d’installer des équipements de contrôle de trafic vient juste d’être promulguée. A ce stade, l’Anrtic travaille avec des équipementiers pour voir les voies et les moyens de la mise en œuvre du projet. Il a pour objectif principal de faire un suivi plus rigoureux de la qualité de service et de la conformité des offres à temps réel. Leur déploiement se fera progressivement, dans le respect de la vie privée et des normes internationales.