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Scoutisme : la Fédération des scouts et éclaireuses indépendants veut faire entendre sa voix

Scoutisme : la Fédération des scouts et éclaireuses indépendants veut faire entendre sa voix

Société | -   Chamsoudine Said Mhadji

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La Fédération des scouts et éclaireuses indépendants des Comores (Fseic), dirigée par Abdillah Mounir Charif Moustoifa Djaffar, entend redéfinir les contours de ce mouvement éducatif centenaire en proposant une alternative indépendante et engagée.


Fondée en 2010, la Fsec, ou Fédération des scouts et éclaireuses indépendants des Comores, peine à se faire une place dans un paysage où le mouvement scout historique, Wezo Mbeli, détient encore une forte influence. Dans un entretien exclusif accordé à Al-watwan lundi dernier, Abdillah Mounir, entouré de ses collaborateurs (Kaila Illiassa, secrétaire générale, Kaled Mhamadi Hafidhou, chargé des affaires juridiques et administratives, et Omar Ibrahim, coordinateur national), a présenté les ambitions de son organisation, tout en avançant les défis auxquels elle est confrontée.


Avec son siège établi à Samba Mbodoni ya Itsandra, la Fseic «ne se contente pas de discours», mais «elle agit», selon ses responsables. Parmi les actions récentes, Abdillah Mounir a évoqué le campement tenu du 3 au 5 août 2025 à Samba, organisé avec le soutien du Croissant-Rouge de Ngazidja. Les scouts indépendants ont également participé à des travaux communautaires, tels que l’entretien du cimetière de Samba et la contribution à la construction du marché local.


Toujours selon ses responsables, l’organisation développe aussi des projets d’avenir, notamment une campagne de sensibilisation pour étendre sa présence à travers les régions comoriennes, l’acquisition d’une machine de recyclage pour le traitement des déchets à Samba, ainsi que l’électrification, la sécurisation et l’application de la peinture du marché de la localité. «Ce sont des actions concrètes qui répondent aux besoins des populations», affirme son président.


Mais tout n’est pas rose pour la jeune fédération. En parallèle de ses actions, elle fait face à de vives tensions avec le mouvement scout traditionnel Wezo Mbeli, reconnu par l’Organisation mondiale du mouvement scout (Omms), basée en Suisse. Ce dernier verrait d’un mauvais œil l’émergence de cette nouvelle entité indépendante. «Nos frères de Wezo Mbeli ne veulent pas qu’un autre mouvement scout existe aux Comores. Ils refusent de reconnaître l’évolution du scoutisme au niveau international», déplore Abdillah Mounir. Contrairement à Wezo Mbeli, la Fseic est, elle, affiliée à la Fédération mondiale des scouts et éclaireuses indépendants, une organisation non gouvernementale internationale basée en Allemagne.


Cette situation aurait même mené le président de la Fseic à être convoqué à la gendarmerie. Une situation qu’il regrette. «Nous ne cherchons pas la confrontation. Nous voulons simplement travailler, appliquer les principes du scoutisme, et offrir une alternative moderne et indépendante à la jeunesse comorienne», assure-t-il. Dans un contexte où les besoins des jeunes en matière d’éducation, de civisme et d’engagement citoyen sont plus urgents que jamais, la Fseic appelle à être reconnue et respectée. «Nous ne prenons la place de personne. Nous voulons juste exister et contribuer à notre manière au développement du pays, dans l’esprit du scoutisme», conclut Abdillah Mounir.
La question désormais est de savoir si les autorités et les instances concernées sauront permettre la cohabitation pacifique de plusieurs courants scouts aux Comores, dans le respect des valeurs de fraternité, de service et de tolérance que prône justement le scoutisme.

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