«Rehausser l’ambition de l’Afrique à lutter contre la dégradation des terres, la désertification et la sécheresse» est le thème de la réunion des ministres africains de l’environnement qui s’est déroulée la semaine dernière à Abidjan. Présidée par leur collègue ministre éthiopien, cette dixième conférence extraordinaire ministérielle africaine sur l’environnement (Cmae) a été une occasion pour soulever plusieurs sujets, notamment la perte de la couverture forestière, la gestion durable et intégrée des terres et des zones côtières, la gouvernance des océans, de l’agriculture durable et la gestion intégrée des ressources en eau pour ne citer que celles-là.
Le nouveau ministre comorien de l’Environnement, Abubakar Ben Mahmoud, a tenu à souligner que l’Union des Comores fait partie, à l’échelle mondiale, des vingt îles caractérisées par des taux d’endémismes spécifiques élevés de sa biodiversité. Il a avancé qu’entre 1973 et 1983, les forêts ont diminué en moyenne de 54% au profit de l’agriculture. Sur 112 000 hectares de terre cultivables, 57,5 % sont dégradées. «Ce potentiel naturel, encore mal connu, est menacé d’extinction en raison de la dégradation généralisée et continue des milieux naturels exacerbée, d’une part, par la forte pression d’origine anthropique sur les ressources naturelles et ses écosystèmes et, d’autre part, par les aléas hydrométéorologiques», explique-t-il.
Sur le plan de la gouvernance environnementale, Abubakar Ben Mahmoud a fait savoir que son pays s’est doté d’un cadre politique et juridique dans le domaine de la gestion des aires protégées et de la gestion forestière, renforçant ainsi la protection et la résilience écologique de ses écosystèmes naturels et des services écosystémiques. Il a en effet évoqué le renforcement de la protection et la résilience écologique en classant 27% de sa superficie terrestre et 6% de ses eaux marines en parcs nationaux. Il a fait référence aux cinq parcs nationaux créés officialisés en mai 2022 par décret présidentiel.
En matière d’investissement pour l’environnement, il a rappelé que depuis 2016 à nos jours, le pays a mobilisé auprès des partenaires financiers plus de 75 millions d’euros de financements en faveur de l’environnement. «La protection de la grande muraille bleue accompagnée de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est une opportunité pour notre pays d’accéder à des financements innovants et stimuler le développement d’une économie bleue régénératrice et durable qui bénéficie directement à la population comorienne», reste-t-il convaincu.
75 millions d’euros de financements
Trente décisions constituent la déclaration d’Abidjan. A noter qu’actuellement, environ 65 % des terres en Afrique sont dégradées, affectant plus de 400 millions de personnes. Selon la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes), la dégradation des terres touche 3,2 milliards de personnes dans le monde, dont la plupart se trouvent dans les pays en développement. Chaque année, environ 4,4 millions d’hectares de terres productives sont perdus à cause de la désertification, réduisant la productivité agricole et causant la sous-alimentation pour environ 68,1 millions de personnes en Afrique.
La désertification entraîne la perte d’environ 27 000 espèces chaque année et coûte à l’économie mondiale 10 % de son Produit intérieur brut chaque année, l’Afrique subsaharienne supportant 22 % du coût global de la dégradation des terres. Plus de 23 millions de personnes dans la corne de l’Afrique et 23,5 millions dans le Sahel font face à une grave insécurité alimentaire en raison de la sécheresse et de la dégradation des terres.