Le chantier actuel de l’association «Maendeleyo» des jeunes de Shuwani, c’est la rénovation de l’ancienne place publique de cette ville du Hambuu dans le centre de Ngazidja. Une place emblématique tintée de beauté et, surtout, d’histoire. Ici, se dresse un minaret de huit mètres de haut construit il y’a des siècles témoignant l'époque des sultanats. Plusieurs associations et organisations de la ville, utilise se minaret comme emblème qui symbolise à la fois de la «gloire passée et la force physique et le mental légendaire de Shuwani», vous dirons des habitants.
A coup de pèles et marteaux, c’est un dimanche sans répit pour ces jeunes. Tout le monde y met du sien. Actuellement, toute la place est bitumée. A ses alentours sont installés des sièges carrelés. Cet même dimanche verra les finissions d’une scène déjà bien décorée.
Ces touches de rénovation apportées à la place ne font que mettre en lumière, plus encore, ce minaret fait à base chaud qui laisse entrevoir des écrits et des décores anciens. «L’Association Maeyendeleyo des jeunes de Shuwani n’a nulle autre motivation que le développement de notre chère ville. Nous réalisons ces travaux avec la contribution financière de la diaspora et de la classe dirigeante traditionnelle de la ville, les Wafomamdji», a précisé le président de l’Amjc, Ahamada Djadaoui.
Une contribution importante
Dès l’entrée à la ville, vous apparait cette touche de développement apportée par l’Amjc. A coté de la route, un enrobé financé par l’Etat, Maeyendeleyo veut apporter sa contribution pour embellir cette ouvrage qui va de la route nationale, au lieu dit Mbibodjuu, et sert une partie da la ville avec ces kilomètres de trottoirs faite, entre autres, de pavés de pierres naturelles. Pour sécuriser au maximum le passage, des dalles colorées en rouge et blanc pour délimiter les trottoirs du goudron ont été construits sur des fonds propres de l’association. La première phase de leurs multiples chantiers a été de mettre un pavé de plusieurs mètres allant tout d’abord de Mtrededju à Bangweni. Ainsi, l’Amjc a pris en charge le bitumage de plusieurs routes, surtout celles conduisant vers des lieux qui, jusque-là, restaient difficilement accessibles à l’instar des routes dites «Chicago», «Rehemani», «Djumwamdji», «Bagdad» et «Garage», notamment.
De même, pour «honorer la mémoire des ancêtre», l’association a, également, choisi de réhabiliter la Place de la justice construite en 1951. Une sorte de «Cour de justice» où sont prises les décisions importantes engageant la communauté. Dans ce lieu qui transpire l’histoire, on trouve un peu partout du pavé carrossable. Pour l’histoire, on a fait le choix de garder intacts les sièges et un mur à base de chaud tradition. «A l’heure actuelle, grâce au efforts inlassables de l’Amjc, très peu de routes peuvent être considérées comme étant en mauvais état. Sans compter que les jeunes s’occupent aussi de la propreté de la ville», se réjouit le passant, Assadillah Adam.
Parallèlement, Maendelewo veille à l’entretien de cette autre place dite «Al-watwan» qui symboliserait l’»ouverture d’esprit». Une place entièrement carrelé et peinte au sein de laquelle on s’entretient de politique, d’économie, de Culture et d’autres thèmes de société qualifiés d’»importants». Dans ce lieu où la rhétorique est la seule monnaie d’échange, le scrabble est le seul jeu autorisé contrairement à ailleurs dans la ville où tout est permis.
Créer et partager
Les travaux de plus grandes d’envergures réalisées dans la ville sont l’œuvre du Comité de pilotage. Ce dernier, a été le porteur du projet de l’eau courante dans tout Shuwani. Un projet qui a été plutôt difficile à réaliser compte tenu du trajet pas évident allant de Mbibodjuu à la ville. Ce chantier a vu le jour grâce au soutien du Programme de développement local aux Comores (Pdlc) qui a apporté une contribution financière de vingt trois millions de francs. C’est ainsi que l’eau de robinet coule un peu partout dans Shuwani. Le Comité de pilotage a poursuit son objectif de toujours qui n’est autre que le développement de la localité. Il a aussi été porteur du projet de la construction du Stade feu Mohamed Oumour. Cette fois-ci, c’est avec l’aide du Fond social de développement (Fsd) qu’il a pu parachever les travaux qui ne furent pas aisés à mener étant menés sur un terrain, à l’origine, en pente et très irrégulier.
Sa dernière œuvre demeure la médiatique grâce à un financement du fond social de développement. Constituée d’une salle de spectacle et de deux autres destinée aux loisirs et aux cours d’alphabétisation, d’une Salle Informatique et de la bibliothèque, «cette médiathèque a beaucoup contribué au développement éducatif et socioculturel de la ville», estime son initiateur, Mohamed Abiamri, Son entrée en service a aidé à s’épanouir les activités artistiques et culturelles. Des slameurs, des danseurs, des chanteurs et des comédiens de disciplines diverses se réunissent en ce lieu, proposent leurs prestations, créent et partagent la beauté et la performance. «Tous les ouvrages du comité de pilotage ont été cofinancés par la ville et sa diaspora en France et ailleurs dans le monde», précise-t-on.
Vivre du anda
Pour «sauvegarder» le mariage traditionnel comorien ou anda, face à certains au sein de la «nouvelle génération» qui ont tendance à le considérer comme étant un «fléau qui gangrène l’économie comorienne», du fait des «dépenses onéreuses» que cette institution engendrerait, des réformes ont été envisagées. «Nous voulons à travers le anda, booster l’activité économique et sociale dans Shuwani», soutient un des précurseurs de ce mouvement,.
C’est ainsi qu’il a été créé une caisse financée par les cotisations de presque tous les jeunes de la localité et destinée à soutenir les personnes décidées à s’engager dans le Gand mariage. Cependant, «nul ne peut déposer moins de 5000 franc ni plus de 20.000 franc dans la caisse, car nous voulons la rendre la plus accessible possible et limiter au maximum les difficulté au moment du remboursement de la dette, sachant que ce n’est pas tous les jours qu’un membre de cette classe d’âge fait un anda», résume Chery Bacar qui tient à rappeler que cette dette «s’efface automatiquement à la mort».
Par ailleurs, la personne qui a bénéficié du prêt ne peut le destiner uniquement au financement de son mariage. «Nous recommandons vivement aux bénéficières de se mettre à deux voir à plus pour ouvrir des petites entreprises dans le but de donner un coup de pouce à l’économie locale et de lutter contre la pauvreté», devait-il conclure.Cette cotisation réunit les jeunes de Shuwani résidant aussi bien aux Comores et qu’à l’étranger.
Historiquement parlant
Cette action des jeunes face à la question du développement ne date pas d’hier. On se rappelle les années 1950 avec les Mwigni wa Mlimi, les Hadji Mbae et autres Saïd Ali Soultoine. Cette génération dite «Génération de lumière» était déjà à la pointe du développement local et ont construit la «Place de la justice» en 1951 et des rues qui permettaient de circuler aisément à l’intérieur de la ville.
Avec la génération suivante conduite par M’mada Hamadi, Ahamada Mze et Mohamed Hassan, on a vu naitre des projets de plus grandes envergure. «Ce sont eux qui ont construit l’école primaire publique en 1958, notamment. Leur chef-d’œuvre, toute fois, fut la constriction du dispensaire qui devait se révéler être «un oasis en plein désert». En effet, «à l’époque, c’était le seul dispensaire de la région de Hambuu hors mis celui de Mitsudje construit par les colons». Leur dernier ouvrage a été la construction du grand marché de Shuani. «Ce sont, donc, ces deux générations qui ont ouvert la voix du développement de la ville par les jeunes».
Arrivé aux années 1970, les jeunes sortant de «L’école des Blancs» avaient pris le flambeau. Ils ont créé l’Association culturelle de Shuani (Acc), composée, en majorité, par des lycéens. Pendant que l’Acc s’était consacrée à l’éducation, l’Association de la Jeunesse estudiantines de Chouani (Ajec) s’était, quant à elle penchée du côté des arts et de la culture, développé un pole d’activités dédiées à la musique ou encore à la couture. «Cela avait permis de proposer une activité parfois génératrice de revenus aux jeunes gens et jeunes filles non scolarisés», se souvient Ibrahim Hamadi Sidi.
Nostalgie
Histoire de «mieux rentabiliser l’effort général de développement» de leur agglomération, toutes les associations ont fédéré, dans les années 1980, en une seul et unique structure qui avait pris le nom de l’Association pour le progrès de Shuwani (Apc). Ses dirigeants qui ont pu compter avec un niveau appréciable de compréhension des problèmes, de conception et de conduite de l’action avaient apporté «une nouvelle bouffée d’oxygène au développent de Shuwani». Ils s’étaient efforcés avec un succès certain, à réorganiser et planifier les actions des assotions et à réorienter les activités au profit des secteurs inexploités à l’instar de l’agriculture. «Nous regrettons beaucoup, la disparition de l’Apc. Avec elle, l’adage l’Union fait la force, avait pris tout son sens. Il n’y avait aucune divergence et c’est ce qui a entrainé le développent rapide de la ville», aime-t-on à rappeler ici et làn
Mahdawi Ben Ali