La Mouvance présidentielle, au niveau de Singani ya Hambu, a convié la presse hier, dimanche 14 avril, pour dénoncer les actes de violences perpétrés, le 24 mars dernier par des jeunes de cette même localité, au domicile du président de la Ceni, Idrissa Said Ben Ahamada. À cette occasion, Salim Mohamed Soighir, membre influent du parti Crc dans la région de Hambu, est revenu sur les faits, à l’origine de « ces évènements regrettables».
Il s’agit, selon lui, d’un événement coutumier et religieux qui concerne Idrissa Saïd Ben Ahamada, lequel a accompli le grand mariage avec sa femme qui n’est autre que la nièce de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Bourhane Hamidou. «C’est tout à fait logique et compréhensible. Tous les nouveaux mariés le font. Pendant le mois de ramadhwani, le nouveau marié invite traditionnellement ses amis, à la demande de la famille de sa femme, pour rompre ensemble le jeûne. D’ailleurs, si on ne le fait pas, c’est synonyme d’un déshonneur pour la famille de la mariée», a-t-il expliqué, précisant donc qu’il s’agit, au début, d’une affaire de famille, transformée en règlement de compte politique.
Salim Mohamed a fait savoir qu’après avoir appris que certains jeunes «enrôlés et préparés» souhaitent perturber l’arrivée des invités du président de la Ceni, les autorités locales ont averti l’ancien président de l’Assemblée, Bourhane Hamidou, qui a «promis de se rendre à Singani pour résoudre ce malentendu, car les jeunes dont on parle ici font partie de ses partisans et sympathisants», selon certaines indiscrétions.
Une affaire de famille mal tournée
Pour sa part, la Commissaire au Genre, Maissara Adam Mondoha, a renchéri en montrant qu’après les heurts, il fallait réagir mais pas n’importe comment car, selon elle, il fallait bien s’informer et «il y a des valeurs socioreligieuses à protéger». Elle ajoute : «Nous admettons également que, comme nous l’avons souligné, il s’agit d’une affaire de famille, c’est aux concernés ou aux autorités judiciaires compétentes de réagir», a-t-elle insisté. Pourquoi réagir maintenant ? Maissara Adam répond en montrant que tout le monde attend la réaction de la cellule locale de la Mouvance présidentielle mais également parce que «l’insécurité règne jusqu’aujourd’hui dans notre village». Elle déplore le statut quo et l’état dans lequel vivent les habitants. «Ce n’est pas normal. Nous déplorons cette attitude car elle met en avant les jeunes, les mineurs. Des enfants qui ne mesurent pas le danger pour affronter les forces de l’ordre, en tenue, armées. Nous vivons dans l’insécurité et la peur tous les jours», a-t-elle fustigé avant d’ajouter que la Mouvance présidentielle, au niveau local, condamne énergiquement «la réaction des malfaiteurs, les plans diaboliques, l’attitude insouciante et l’agressivité orchestrés dans la localité».
Situer les responsabilités
Les conférenciers ont situé les responsabilités et ont pointé du doigt la personne de Bourhane Hamidou car, selon eux, « les malfaiteurs appartiennent à son clan », selon leurs termes. «Les voitures incendiées, les personnes blessées, la terreur qui sévit dans notre localité, vous êtes responsable Monsieur le Président de l’assemblée Bourhane Hamidou. Votre intervention (la déclaration après les heurts du 24 mars, ndlr) vous culpabilise personnellement. En attaquant le chef de l’Etat vous vous rendez complice et coupable de la situation. Surtout que ce sont vos alliés qui sèment la zizanie dans notre localité. Nous pensons qu’un leader s’adonne à éduquer, mais n’incite pas à la haine », a déclaré l’actuelle commissaire au Genre.
«Préserver les valeurs qui nous unissent»
Maissara Adam a rappelé que les heurts qui ont eu lieu à Singani ne concernent ni le village ni un pouvoir politique car l’on a enregistré plusieurs dégâts matériels et humains. «C’est une question de responsabilité pénale et civile. La notion de responsabilité est relative à une action ou une abstention, c’est au pouvoir judiciaire de faire les investigations nécessaires pour trouver les suspects. La responsabilité est de plusieurs niveaux selon le degré d’implication. Il y a les auteurs, les coauteurs, les complices et même les receleurs», a-t-elle largement expliqué.
Pour ce qui est de l’image de la localité, Ousseine Mohamed, un autre cadre du parti Crc, originaire de Singani, a souligné que le pouvoir ne s’obtient pas par force et la brutalité. Il faudra selon lui, agir «en préservant les valeurs qui nous unissent ». Il a appelé au calme et à la responsabilité. «Nous appelons à préserver la paix et la stabilité dans la région de Hambu en général et la localité de Singani en particulier. Et pour cela, il faut préserver les valeurs qui nous lient, prioriser les liens de sang et lignage, redorer l’image de la localité et protéger nos descendances».