Comment est née l’idée de la caravane «Ruwa Mwana» et que signifie son nom ?
Cette caravane est née d’un projet du même nom, financé par l’Oif et mis en œuvre par la Cndhl en partenariat avec l’organisation Art for Development spécialisée dans les stratégies et les interventions de changement social et comportemental. Cette caravane est caractérisée par la sensibilisation sur les aspects liés aux droits des enfants. Cette caravane s’inscrit dans le cadre d’un projet de sensibilisation et de mobilisation communautaire pour l’enregistrement des naissances aux Comores. Ruwa Mwana veut notamment assurer le suivi des consultation prénatales, l’accouchement en maternité et la vaccination des enfants.
Nous avons choisi «Ruwa Mwana» en pensant à cette berceuse comorienne que les mères chantent à leur enfant et à ce que cela symbolise. L’idée est d’associer cet attachement au rappel de l’importance de protéger leurs droits. Une façon de leur dire : vous aimez vos enfants, c’est évident ; alors pensez aussi à protéger leurs droits, notamment leurs droits à l’identité et à la santé. La caravane sillonnera ainsi les régions des Comores, en véhiculant ce rappel important.
Pourquoi avoir choisi de lancer cette initiative à l’occasion de la Journée mondiale de la Polio ?
L’initiative était de mener une caravane d’un mois qui allait finir le 20 novembre, journée mondiale des droits de l’enfant. En plus, la sensibilisation est faite par des sage-femmes partenaires du Rotary club de Moroni. Cela nous a poussés encore à choisir cette date car le Rotary est connu pour son implication majeure dans le combat contre la poliomyélite.
Quels sont les principaux objectifs du projet ?
L’objectif général de ce projet est de contribuer à l’enregistrement des naissances tout en s’appuyant sur la sensibilisation, la mobilisation communautaire et l’application de la réforme sur l’état-civil, dans une approche fondée sur les droits des enfants. Le projet vise plus spécifiquement à renforcer l’information, la sensibilisation et l’éducation des populations sur le droit à l’identité et l’importance de l’enregistrement des naissances. On vise également à mobiliser les leaders communautaires, religieux et associatifs pour promouvoir l’enregistrement des naissances. Ce projet veut enfin soutenir la mise en œuvre de la réforme législative sur l’état-civil par le plaidoyer et les échanges participatifs.
Vous parlez d’une approche intégrée. En quoi consiste-t-elle concrètement sur le terrain ?
Nous avons en effet considéré que les femmes qui ne font pas leurs consultations prénatales sont souvent celles qui accouchent à domicile et sont souvent celles dont les enfants ne sont pas enregistrés à l’état-civil. 
Et ces mêmes enfants sont souvent ceux qui ne reçoivent pas toutes leurs vaccinations. Ainsi, nous visons à promouvoir les 4 bases suivantes. Il s’agit du suivi des 8 consultations prénatales recommandées par l’Oms, de l’accouchement en maternité qui offre un cadre plus sûr qu’à domicile, de l’enregistrement des naissances dans les 30 jours pour éviter de recourir à un jugement supplétif et des vaccinations de routine de l’enfant.
Quelles sont aujourd’hui les principales causes du faible taux d’enregistrement des naissances aux Comores ?
Il a été constaté que ce sont principalement les enfants dont l’accouchement a eu lieu à domicile ou les enfants dont les mamans n’ont pas bénéficié d’accompagnement qui sont concernés par ce faible taux d’enregistrement. En principe, à la maternité, les sage-femmes déclarent systématiquement les naissances et les envoient à l’état-civil. 
Là où il y a défaillance dans cette pratique, c’est qu’il y a méconnaissance de cette procédure, et surtout sur le délai de 30 jours qu’impose la Loi pour enregistrer la naissance et obtenir un acte de naissance sans recourir à un jugement supplétif. Le projet entend ainsi rappeler ces procédures en vulgarisant la loi.
Comment la caravane contribue-t-elle à améliorer la santé des mères et des enfants ?
La santé est un autre droit pour l’enfant au même titre que son droit à l’identité. Ce sont deux droits liés. Donc, en promouvant le droit à l’identité, la caravane sensibilisera les parents sur l’importance du suivi de la santé des mères et des enfants et encouragera les consultations prénatales, l’accouchement en maternité, la vaccination complète de leurs enfants.
Quel rôle jouent les sage-femmes et les équipes de santé communautaire ?
Elles jouent un rôle majeur, très important dans cette caravane. Les sage-femmes sont celles qui sont le plus présentes auprès des mères durant toute leurs grossesses et au moment de l’accouchement. Elles ont donc une relation de confiance et de proximité avec les femmes enceintes. Ce qui donne beaucoup de poids à leur message. Voilà pourquoi ce projet s’appuie sur elles et plus précisément sur celles de l’Unité de développement communautaire pour la santé des mères et des enfants que le Rotary club de Moroni met en œuvre aux Comores et dans l’Océan indien avec d’autres partenaires du Rotary.
Comment les communautés locales et les autorités sont-elles impliquées ?
Un autre volet du projet est justement dédié à la mobilisation communautaire à travers la mise en place d’un label nommé «Mdji mwema wa huzaliwa» (ville où il fait bien de naître) en partenariat avec l’associations des maires. C’est un volet qui encourage les localités à se mobiliser pour améliorer la santé des mères et des enfants ainsi que l’enregistrement des naissances des enfants dans les délais requis par la Loi.
Quels résultats attendez-vous à l’issue de la traversée des 17 régions ?
Déjà à une meilleure connaissance par la population de ce que dit la Loi en matière d’enregistrement des naissances, la prise de conscience des familles et communautés de la nécessité d’enregistrer toutes les naissances aux Comores et au-delà, une meilleure prise de conscience sur l’importance des consultations prénatales, de l’accouchement en maternité ainsi que la vaccination complète des enfants. Faire le grand écart entre droit à l’identité et droit à la santé pour les enfants.
Quel message souhaitez-vous adresser aux familles comoriennes à travers «Ruwa Mwana» ?
Nous leur disons qu’aimer son enfant, c’est protéger ses droits et qu’il est important de veiller à ce que les enfants aient une identité, que leur santé soit bien suivie ainsi que celle de leurs mères.


 
                         
                                