Les chiffres enregistrés au service d’écoute indiquent que les violences basées sur les femmes et les jeunes filles sont «en perpétuelle hausse», même si le nombre de cas de violence d’une manière générale a connu une chute. C’est ce qu’affirme Mradadi Mziarani, du service d’écoute de Ngazidja. Selon lui, jusqu’à hier, lundi 14 octobre, le service d’écoute a enregistré 159 cas de maltraitance. Le service enregistre de nombreux cas de violences basées sur le sexe. «Le nombre de cas de maltraitance a diminué par rapport à l’année dernière pendant laquelle nous avions enregistré 260 cas. Parmi ces 159 cas, on comptabilise 122 cas de violences sexuelles, dont 120 perpétrées à des jeunes filles et 22 suivies de grossesses et les deux autres sur des garçons. La tranche d’âge la plus touchée et entre 11 et 17 ans et suivie de l’autre tranche d’entre 6 et 10 ans», a fait savoir le chef du service d’écoute qui rappellera que jusqu’au 31 décembre 2018, le service d’écoute avait enregistré 260 cas de violences parmi «lesquelles 129 cas de violences basées sur le sexe, et 20 cas de viols suivies de grossesses plus 8 cas de violences perpétrés à des garçons».
Les prises en charge
Pour Mradabi Mziarani, le chiffre de 159 cas de violences enregistrées cette année, ne veut pas dire que les actes ont diminué. A l’entendre, cela s’explique par le fait que les victimes ne dénoncent pas dans les villages, les actes de violences augmentent mais sont réduits au silence. «C’est le chiffre enregistré au service d’écoute mais certains se rendent à la brigade de la gendarmerie, à la police ou au parquet, même si la majorité est réorientée chez nous pour la prise en charge», explique-t-il. Les violences économiques viennent en second lieu après les violences basées sur le sexe, avec 20 cas enregistrés cette année. Pour ce qui est de la prise en charge des femmes et filles victimes de violence, le service d’écoute enregistre au premier trimestre de cette année, 50 cas de prise en charge médicale et 84 cas de prise en charge psychologique. Pour le second trimestre, l’institution enregistre 11 cas de prise en charge médicale et 14 psychologique pendant qu’au troisième trimestre, elle comptabilise 11 cas de prise en charge médical, 14 cas de prise en charge juridique et 42 cas de prise en charge psychologiques.
Par ailleurs, toujours sur les 122 cas de violences basées sur le sexe, 119 sont transmis à la justice et 15 cas seulement ont été jugés. «La particularité cette année est que nous enregistrons plusieurs cas d’agressions sexuelles à l’endroit de personnes handicapées, à cette date, nous enregistrons 8 cas, un chiffre qui est également en hausse par rapport à l’année dernière pendant laquelle on avait enregistré 4 cas», souligne Mradabi Mziarani.
Le service enregistre également 4 cas de mariage précoce. Le chef du service regrette que ces derniers ne soient pas signalés alors qu’ils sont toujours pratiqués dans le pays. Il dénonce en outre la lenteur du traitement des dossiers à la justice. Mradabi déplore l’absence de sensibilisation du service dû au manque de moyens financiers. «Le financement de l’Union européenne est arrivé à terme, le service n’a pas les moyens de se déplacer pour faire des sensibilisations. Or c’est grâce aux sensibilisations que les victimes et leurs familles viennent signaler les cas de violence et d’agressions», a-t-il informé, appelant le gouvernement à «allouer un budget au service d’écoute afin de lui permettre de mieux réussir sa mission».