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Société comorienne de navigation maritime I Saïd Salim : «J’ai reçu de mon prédécesseur un lourd héritage»

Société comorienne de navigation maritime I Saïd Salim : «J’ai reçu de mon prédécesseur un lourd héritage»

Société | -   Maoulida Mbaé

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Une semaine après l’arrivée du Faliki Ndjema, immobilisé pendant un an dans le chantier naval Songoro en Tanzanie, Saïd Salim, directeur de la Soconam, qui assure la gestion du navire, s’exprime dans Al-watwan.

 

Quelles sont vos impressions après l’accostage du Faliki Ndjema au port de Moroni ?

Le Faliki Ndjema a subi un accident en février 2024, occasionnant d’importants dégâts qui ont nécessité des réparations. Celles-ci ont été effectuées grâce à la volonté du président de la République, qui a ordonné à la Société comorienne des hydrocarbures (Sch) de prendre en charge les travaux, pour un montant d’environ 156 000 dollars [un peu plus de 70 millions de francs]. Pendant un an, le navire est resté immobilisé dans le chantier naval Songoro, en Tanzanie.
Lorsque j’ai été nommé en août 2024, je me suis retrouvé sans outils d’exploitation : seul le Bima était opérationnel, mais dans un état de dégradation avancé. Ce bateau souffrait d’une avarie moteur  l’un des moteurs était en réparation  et d’une coque endommagée. Nous avions envisagé sa remise en état.
Dans ce cadre, le nouveau directeur de la Scp [Société comorienne des ports], nommé en même temps que moi, et moi-même avons effectué trois voyages en Tanzanie pour suivre l’évolution des réparations du Faliki Ndjema. Nous avons insisté pour que le navire soit remis aux autorités comoriennes, en l’occurrence à la Soconam.
Sur place, nous avons constaté des travaux additionnels non prévus dans le devis initial, d’un coût avoisinant 69 000 dollars [31 millions de francs], auxquels s’ajoutaient certains accessoires au niveau du ballast. Ces frais supplémentaires ont été pris en charge par la Soconam, avec l’appui du chef de l’État, qui a ordonné au ministre des Finances de nous assister pour finaliser le paiement et organiser le convoyage vers Moroni.
Cependant, à notre grande surprise, lors de la vérification du navire, nous avons constaté la disparition de tous les équipements de communication. Nous avons dû acheter des radars, des VHF, des jumelles, des bâches, des palettes, des cordes et d’autres équipements, ce qui a encore alourdi le coût initial.

Avez-vous déploré des pertes après l’arrivée du bateau à Moroni ?

Non, aucune perte n’a été enregistrée. Le bateau, son équipage et les marchandises transportées sont arrivés à bon port. Cependant, deux zébus présentant un risque sanitaire ont été abattus et placés en chambre froide, en attendant que leurs propriétaires viennent les récupérer.

Après cette traversée tumultueuse, le navire nécessitera-t-il des réparations à Moroni ?

Non, uniquement des travaux d’entretien courant, réalisés régulièrement par les mécaniciens, même en pleine navigation.

Vous avez été nommé à la tête de la Soconam en août dernier. Quel héritage avez-vous reçu de votre prédécesseur ?
Tout d’abord, il n’y a pas eu de passation de pouvoir entre mon prédécesseur et moi. Je ne sais pas pourquoi. On m’a simplement remis des documents, qui n’étaient en réalité que des relevés de dettes, notamment envers la Société comorienne des hydrocarbures.Comme je l’ai mentionné, le navire a été acquis en 2022 sur recommandation du président de la République, pour pallier les ruptures d’approvisionnement aux Comores. La Sch avait accordé un prêt à la Soconam pour financer cet achat, d’un montant de 854 millions de francs comoriens. À ce jour, seuls 22 millions ont été remboursés depuis 2022.
J’ai donc hérité d’un lourd passif, avec cette dette à rembourser à la Sch, mais aussi 150 millions de francs de créances dues à des particuliers et aux employés de la société. Parmi ces dettes figurent 14 millions dus par l’ancienne Snpsf, entre 18 et 20 millions dus à la Bdc, 67 millions d’arriérés de salaires et 31 millions d’impôts et taxes impayés.

Récemment, j’ai également reçu une facture d’Afg Assurance, indiquant que 9 millions de francs avaient été versés pour l’assurance du bateau, mais qu’un reliquat de 12 millions restait à payer, sous injonction de justice. À cela s’ajoute une dette de carburant envers la Sch, qui s’élève à 169 millions.Enfin, il y a eu des accidents mortels en Tanzanie : trois personnes ont perdu la vie, dont deux étaient sous contrat avec la Soconam. Nous devons obligatoirement indemniser leurs familles. C’est une question de conscience pour moi, et j’ai déjà commencé à honorer ces engagements.

Comment comptez-vous redresser la situation ?

L’une des missions qui m’ont été confiées est justement de redresser la société. J’ai sollicité l’appui du ministre des Transports et de celui des Finances pour deux aspects prioritaires, à savoir la dette envers les banques, et les créances dues aux particuliers. Si nous obtenons un accompagnement pour la dette bancaire, je pourrais établir un plan d’apurement des arriérés de 165 millions. Avec une gestion efficace, je pourrai aussi honorer nos engagements envers les créanciers privés. Par ailleurs, j’ai engagé des discussions avec la Sch, et nous avons conclu un avenant sur le prêt : à partir de mai, nous procéderons à un remboursement mensuel.

 

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